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dimanche 8 septembre 2024
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Interview //Mahaman Laouan Gaya (Expert en Energie & Pétrole et Conseiller du Président du CNSP - Niger// : «Le moment est venu pour nos Etats, de faire une relecture de la législation pétrolière»

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Interview //Mahaman Laouan Gaya (Expert en Energie & Pétrole et Conseiller du Président du CNSP - Niger// : «Le moment est venu pour nos Etats, de faire une relecture de la législation pétrolière»

De l’importance des Contrats de Partage de Production, en passant par la législation pétrolière en Afrique, aux grands chantiers du Conseil National pour Sauvegarde de la Patrie (CNSP), dans la gestion des ressources pétrolières au Niger, Mahaman Laouan Gaya, Conseiller en pétrole du Président du CNSP, Chef de l'Etat du Niger, explique…

Comment les Contrats de Partage et de Production (CPP), influencent-ils le développement économiques en particulier la diversification économique?
Cela fait plus de 60 ans que nous sommes indépendants, et à cette époque là seuls environ 5 pays étaient dans le phase d’exploitation pétrolière. Mais aujourd’hui, vous avez presque l’essentiel des pays qui sont dans la phase d’exploration et d’exploitation pétrolière. Sur le continent africain une cinquantaine de pays sont dans cette phase ; Il n’y a à peine que deux ou trois qui n’ont pas encore commencé les activités pétrolières.
Nous avons essayé toute sorte de contrats depuis l’indépendance jusqu’à ce jour, et si vous parcourez les Etats africains un à un, vous verrez bien que l’impact des activités pétrolières ne se fait pas ressentir sur le bien-être des populations.
Etant donné donc que cela ne va pas dans l’intérêt de nos pays, il y a une relecture de la législation pétrolière qu’il faut faire et c’est ce qui nous a amené à opter pour les Contrats de Partage de Production (CPP). Dans ce type de contrat, l’Etat ou les sociétés pétrolières nationales sont beaucoup plus présents dans les activités pétrolières.
Les Etats qui ont opté pour ce type de contrat arrivent à amasser beaucoup plus de rentes directes et indirectes, mais aussi toutes les opportunités possibles que peuvent garantir l’exploitation des ressources naturelles comme le pétrole dans un pays qui cherche sa souveraineté nationale et internationale.

En quoi la coopération régionale peut être bénéfique dans le renforcement de l’efficacité dans la gestion des CPP et favoriser une intégration économique des Etats africains ?
Tant qu’il n’ y a pas une intégration entre les pays africains, il serait difficile de mener à bon port nos politiques pétrolières et celles de nos ressources naturelles d’une manière générale.
Il se trouve que depuis des années, nos ressources extractives sont exportées pour l’essentiel à l’état brut vers les puissances étrangères et nous reviennent en produits finis qui nous reviennent 4, 5 voire 6 fois plus chers.
Il est grand temps que nous puissions ici en Afrique, transformer nos ressources naturelles, notamment notre pétrole brut. Est-ce que vous imaginez que l’Afrique qui peut peser pour 12 à 13% de réserves pétrolières mondiales, 10% en recettes d’exportation et à contrarion importer à peine 3 à 4% de toute la consommation en produits raffinés au monde.

Soyez plus précis monsieur le conseiller
C’est– à-dire que nous exportons 12% de pétrole brut mais nous consommons 3 à 4% de tout ce que le monde raffine.
Cela voudrait dire que le pétrole que nous exploitons, nous l’envoyons à l’état brute à l’extérieur et nos raffineries qui sont pour l’essentiel obsolètes, ne sont pas en mesures de raffiner notre production.
Nous sommes obligés de ramener ce pétrole transformé en produits pétroliers finis en Afrique, pour les consommer. C’est ce paradoxe qu’il faut arrêter.
Nous avons souvenance que l’Organisation des Producteurs de Pétrole Africains, (APPO), avait dans son agenda la création d’un marché physique africain de pétrole brut et des produits pétroliers.
Aussi, chaque Communauté Economique Régionale se doit de créer à son niveau régional, un marché pétrolier qui devraient contenir des infrastructures nécessaires pour exploiter, raffiner et nous permettre de consommer sur place les produits raffinés.
Cela devrait aussi permettre de jeter les bases d’une industrie pétrochimique en Afrique. Ce sont des choses dont nous avons besoin ici et au-delà des marchés que nous voulons créer au niveau des cinq Communautés Economiques Régionales ; pourquoi pas aller vers la financiarisation de ce marché.

Tout cela suppose que l’Afrique dispose d’un pétrole de très bonne qualité aussi ?
Tout à fait ! Nous avons en Afrique, un pétrole de très bonne qualité qui peut avoir une place de choix sur le marché international. Le Niger vient de commencer l’exportation de son pétrole. La première cargaison est partie le 19 Mai 2024 via le port de Cotonou, et je puis vous dire que notre pétrole est d’une très bonne qualité. Il a une décote qui est de moins de deux dollars par rapport au Brent, qui est le pétrole de référence sur le marché international ; alors que dans beaucoup d’autres pays, elle va de moins 10 à moins 20 dollars.
Le Bonny-light du Nigeria est un pétrole brut de très bonne qualité qui peut être référencé et concurrentiel sur le marché mondial.
L’Afrique en elle-même dispose d’abondantes reserves de pétrole et de très bonne qualité qui peuvent de défier les plus grandes puissances mondiales :l’Arabie Saoudite, les Etats-Unis, la Russie...
Quoi qu’on dise quoi qu’on fasse, nous avons un fort potentiel en Afrique qui peut défier les potentiels de ces puissances indiquées plus haut.
Avec le potentiel dont dispose l’Afrique, le continent peut s’il se considère comme un seul producteur avoir une place de choix dans le nouvel ordre économique, militaire, énergétique mondial.
Si la Russie peut se prévaloir d’être une puissance militaire, la Chine une puissance financière et économique, l’Afrique si elle considère comme un seul producteur, peut se prévaloir comme une puissance énergétique mondiale…..car, au-delà, du gaz, du pétrole, du charbon (autrement des hydrocarbures), du nucléaire (l’uranium), autres énergies renouvelables et métaux stratégiques propres à la fabrication d’équipements en énergies renouvelables.
En terme de potentiels en énergies renouvelables, l’Afrique est riche en soleil, éolien, biomasse et la géothermie. Rien que le soleil, nous avons un taux d’ensoleillement de l’ordre de 6 et 7 Kwh par mètre carré et une durée d’ensoleillement de 12 à 14 heures. Ce potentiel en énergie solaire peut nous permettre de couvrir largement nos besoins en électricité. Nous devons donc considérer le solaire comme une bénédiction et non une malédiction.

Quelle est la nouvelle orientation stratégique du Niger dans la gestion de ses ressources naturelles notamment les hydrocarbures ?
Le Conseil National pour Sauvegarde de la Patrie (CNSP) dès juillet 2023, a pris à bras le corps l’importance des ressources extractives d’une manière générale et les ressources pétrolières de façon particulière. Après12 ans d’exploitation pétrolière, le nigérien moyen n’a pas ressenti l’impact de ces ressources sur son quotidien.
C’est ce qui constitue une des préoccupations du CNSP. Aussi, le Niger qui est un pays géologiquement et géographiquement coincé entre des puissances pétrolières : vous avez au nord la Libye et l’Algérie qui ont des productions de l’ordre de 1,6 million à 1,7 million de barils par jour, au sud le Nigeria qui produit jusqu’à 2,3 millions de barils par jour, et par ailleurs le Niger dont le sous-sol est constitué à plus de 90% de bassin sédimentaire (réceptacles d’hydrocarbures : charbon, pétrole et gaz naturel). Un profane doit reconnaitre que le Niger est potentiellement un gros pays ‘’millionaire‘’ en terme de production et d’exportation de pétrole. Nous ne produisons pour l’instant que 90 mille barils par jour, mais c’est infime par rapporte au potentiel de notre pays.
Le CNSP veut utiliser les ressources pétrolières nationales, pour booster l’économie du pays. En un mot, il ne veut pas faire des recettes pétrolières les seules recettes budgétaires de l’Etat, mais aider les autres secteurs qui ont besoin d’être booster. C’est le cas du secteur agricole, (secteur rural de façon générale), les infrastructures et le renforcement des capacités (la promotion des ressources humaines). C’est tout cela qui tient à cœur lesnouvelles autorités du Niger.

Bamba Mafoumgbé, (avec sercom),

 

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