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mardi 22 octobre 2024
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Reportage//Environnement- Lutte contre le désordre urbain dans le District d’Abidjan //Abidjan en quête d’un cadre de vie plus assainie

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Reportage//Environnement- Lutte contre le désordre urbain dans le District d’Abidjan //Abidjan en quête d’un cadre de vie plus assainie

Le District autonome  d’Abidjan, est depuis plusieurs mois, en plein dans un processus de lutte contre le désordre urbain, pour assainir le cadre de vie,  booster le tourisme et protéger l’environnement. Malgré parfois  des résistances de  la part de certains acteurs économiques

 

Carrefour vidange dans la commune d’Abobo, sur l’axe Abobo-Zoo.  Il est 9heures ce Vendredi 27 Septembre 2024. Sous la fine pluie, les coups  de  klaxon et les vrombissements du moteur des mini-cars communément appelés Gbaka en rajoutent à l’ambiance matinale des grands jours.


Les ébénistes et menuisiers, pourtant déguerpis sont en pleine dans la  recolonisation de certains espaces.  Ces artisans s’activent à exposer à nouveau leurs meubles à la vente. Comme si de rien était,  d'autres,   des démarcheurs occasionnels appellent des clients de passage à venir passer commande.


Nous profitons de l’occasion pour échanger avec l’un d’entre eux. N. Koné, la vingtaine révolue, est apprentis ébéniste. Chaque matin, il rallie son domicile familial sis à Abobo -Derrière rails, à ce qui lui reste à son maitre comme atelier. Ici, des meubles en bois Bété, en passant par le Fraké au Framiré, cet orfèvre du bois a du talent. Cigarette entre  les  lèvres dont il n’hésite pas à nous jeter la fumée au visage, N. Koné  manipule à souhait, son rabot et son marteau, afin  de  sortir des accessoires qu’il assemble en chaises et fauteuils qu’il expose à la crié, sous un abri de fortune, sur le flanc d’une pente accidentogène en cas de fortes pluie. Avec un catalogue bien garnie de photos de meubles, il ne s’empêche pas d’engager avec nous d’intenses négociations. Comme le font d’ailleurs d’autres squatters qui jouent au chat et à  la sourie avec la brigade de salubrité du District d’Abidjan.


A la question de savoir pourquoi ils refusent de partir sur le site de Ndotré ? Dans un français approximatif, Koffi K., un autre ébéniste croquant une tranchette de colas nous apprendra : « Ndotré c’est trop cher et nos clients ne connaissent pas là-bas. Nous préférons rester ici, pour gagner un peu. A dire vrai, à Ndotré il n’y a plus de places pour nous les petits artisans sans grande surface financière ».
Il est 10 heures et la fine pluie matinale fait place au soleil qui commence à projeter ses rayons au visage.


Soudain, une bâchée de type 4X4  qui roulait à vive allure en provenance du Carrefour Samaké, ralenti et gare. C’est le branlebas. Un véritable sauve qui peut. Car, ils ont pensé à l’arrivée d’une équipe de la brigade de salubrité dans sa "ronde quotidienne. Mais en réalité, il s’agissait d’un parent d’élèves, un sexagénaire qui cherchait à acheter un tableau et un lit superposé pour ses enfants. Aussitôt, Koné, Koffi et leurs apprentis, reprennent le boulot. Sur cet axe routier,  plus  en amont de l’entrée de l’hôpital militaire d’Abidjan(Hma)  au dessus du point de vidange,  tout comme sur l’axe Adjamé- Macaci en passant par Filtisac, des artisans et commerçants sont en plein dans la recolonisation des accotements de la voie publique qui avait été nettoyés.
Joint par téléphone, M. Diabaté Beh  le huitième au maire de la Commune d'Abobo, très disponible, nous donne rendez- vous. Une heure plus tard, nous sommes à la Mairie d'Abobo. ( voir encadré)

Encadré : A qui la faute et que dit la mairie d’Abobo ?


En compagnie d’un de ses collaborateurs, le maire Diabaté qui nous reçoit dans son bureau à la Mairie d’Abobo, nous a donné plus de précisions sur la lutte contre le désordre urbain dans cette commune. M. Diabaté Beh nous dira : « Nos collègues d’Adjamé pourraient vous en dire plus. Je ne sais pas ce qui se passe au niveau de la Commune. Mais au niveau de notre commune, précisément en ce qui concerne les artisans qui sont en train de recoloniser les accotements de l’axe Adjamé – Abobo par le zoo,  ont jusqu’ à la fin de ce mois d’Octobre 2024 pour partir. Nous n’entendons pas reculer. Il y a un projet autoroutier de deux fois, deux voies qui va jusqu’ à Ahoué en passant par Samaké. Les travaux seront lancés dès janvier 2025. Les drones de l’Agéroute ont déjà fait la reconnaissance des lieux et ceux qui sont en train de recoloniser des sites, ne seront pas  dédommager. », tranche -t -il. Avant de faire des révélations sur les poches de résistances aux déguerpissements à Abobo. « Il y a des poches de résistances puisque des personnes sont à la recherche de sites pour se recaser. La commune d’Abobo n’a pas d’espace. Les artisans et autres qui ont été  déguerpis de Cocody et du  Plateau par exemple, se reversent sur Abobo qui est par excellence la commune la plus peuplée de la Côte d’Ivoire. Nous sommes face à un surpeuplement qui nous crée des problèmes.Vous avez un site de recasement pour ces artisans. Si c’est Ndotré, il parait que s’est trop cher ?
"Pour tous les artisans l’Etat a dégagé en son temps, un espace de 80 hectares pour tous les artisans d’Abidjan à Ndotré. 80hectares ce n’est pas suffisant. A ce niveau je voudrais vous orienter vers le ministère de l’Industrie et du commerce qui a en charge ce dossier. Il appartient à ce ministère de les installer pas à la mairie."
B.M


La Baie du Banco en plein réaménagement


Heureusement, sur plusieurs autres sites, les tas d’immondices et pneumatiques usagés ont disparu et l’on sent bien un rafraichissement des lieux en question. C’est le cas de la Baie du  Banco, à la lisière de la forêt du Banco, les occupants des lieux, les Fanico ou lavandiers traditionnels pour la plupart d’origine nigérienne, qui y lavaient leurs baluchons de linges avec l’eau de la rivière qui se jette dans la Lagune Ebrié ont disparus.
Sur l’espace qui s’étend sur plusieurs dizaines d’hectares, est en train de naitre un parc urbain futuriste. Si l’on s’en tient à une note descriptive des services du ministre gouverneur Cissé Ibrahima Bacongo, ce lieu est en pleine mutation.
Il s’agira d’en faire un espace moderne intégrant deux lacs artificiels, un complexe sportif, des infrastructures culturelles, tout en valorisant la forêt du Banco. Les réaménagements prévoient également des accès, des aires de jeux, et des zones piétonnes et cyclistes. Bref, est en train de sortir de terre, un espace  plus agréable, potable où des abidjanais et des touristes de passage à Abidjan pourront venir prendre à volonté du bon  vent.
« Réconcilier la nature avec les abidjanais »
« Réconcilier la nature avec les abidjanais », affirme M. Abo Oscar Cyriac, directeur de cabinet du ministre gouverneur du District autonome d'Abidjan. A la faveur d’une visite de terrain en Aout 2024, M. Abo, qui s'est exprimé sur le processus d'embellissement enclenché, a aussi dit à la presse  que « la faune et la flore sont d'une richesse incommensurable et tous ces projets viennent donner de la valeur à la forêt du Banco ». Poursuivant, il a indiqué que « c'est un projet conçu autour des touristes et les abidjanais eux-mêmes par ceux qui mènent les activités qui viendront mener les activités de façon moderne sans détruire la nature ».

 Seulement voilà,  on ne peut faire des omelettes sans casser des oeufs. Cette lutte contre le désordre urbains à Abidjan  a impacté  de milliers de familles. De vastes opérations de démolition de quartiers et de déguerpissement de leurs habitants ont été lancées en janvier 2024, sur des sites considérés comme à risque d’inondation. Les quartiers Gesco, Boribana, Banco 1 et Abattoir ont été démolis dans le cadre d’un plan de démolition de 176 sites, selon un communiqué officiel rendu public le 26 février 2024 par le district autonome d’Abidjan. Pour  Amnesty International Côte d’Ivoire, « des milliers de familles expulsées de force n’ont toujours pas été relogées et/ou indemnisées pour toutes les pertes subies. »


Bamba Mafoumgbé,Cette adresse courriel est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.

 


Légende photo: Une vue du site de réaménagement de la Baie du Banco( Photo : District autonome d’Abidjan)


Encadré 2 : Cocody- Akouédo : La décharge  est en train de faire place à un parc urbain


Plus à l’est, dans la commune chic de Cocody, la vieille décharge d’Akouédo dont le parfum  repoussant  envahissait les sous quartiers après la pluie et temps de grande fraicheur a disparu. Fermée en 2019, la décharge d’Akouédo qui recevait une très grande partie des ordures ménagères de la ville d’Abidjan est en train d’être transformée  en un parc urbain. Comme nous avons eu l’occasion de constater lors d’un passage à Akouedo et selon les témoignages de certains habitants. Cette décharge  était pour  des recycleurs d’objets usagers où ils  gagnaient leurs pitances quotidiennes.  Depuis longtemps saturée, elle représentait un véritable risque écologique et sanitaire.
En partenariat avec Veolia, Pfo Construction a été chargée de la fermeture de la décharge et du réaménagement du site de112 hectares dont 83 hectares occupés par les déchets. Le projet comprend la sécurisation de la zone où ont été entreposés les déchets par la mise en place d’une clôture et la fermeture du site à la population, avant même d’envisager l’éventuelle réappropriation des terrains contigus à la décharge. Afin de limiter l’infiltration des eaux sur l’espace, le massif de déchets doit être remis en forme de dôme. Une couche d’argile d’un mètre tapisse l’ensemble. Elle est recouverte d’une géomembrane, puis de 50 centimètres de terre végétale. Des puits de dégazage et des puits mixtes seront mis en place pour le pompage des lixiviats. Le dispositif est complété par la création de bassins de stockage des eaux pluviales polluées par les lixiviats. Des fossés périphériques entourent la décharge et une plateforme biogaz (torchères) sera installée. Le réaménagement en parc urbain comprend des zones de loisirs et de sports ainsi qu’un centre de formation aux métiers du recyclage et de l’environnement. « Construit donc sur 112 hectares, cet espace de 6 ha  accueille, en plus un parc urbain, composé d’aires sportives et récréatives, d’espaces culturels, d’un centre de formation et de documentation sur l’économie circulaire. Il est également prévu sur ce même site, la reconstitution d’une forêt  composée de 8 000 arbres et 16 000 arbustes, ainsi que de fleurs. La réalisation de cet important projet, d’un investissement de près de 100 milliards Fcfa, sur le site de la première décharge ouverte d’Abidjan, reflète la volonté du gouvernement d’embellir la ville d’Abidjan et de protéger l’environnement. », nous a précisé une source proche du projet.
La baie de Cocody dépolluée on y respire mieux
Le projet d'aménagement de la baie de Cocody a été organisé autour de quatre pôles de travaux, à savoir : la réhabilitation écologique de la Baie, la réalisation de barrages, d'un canal et d'ouvrages hydrauliques et maritimes, puis la construction d'infrastructures routières, d'ouvrages de franchissement, d'un viaduc. Lancés en septembre 2019, le projet d'aménagement de l'échangeur de l'Indenie regroupe un ensemble d'ouvrages qui ont pour objectif final d'améliorer le cadre de vie de la baie de Cocody ainsi que la qualité de la mobilité à ce carrefour névralgique de la circulation à Abidjan.
Bâti sur 136 hectares de plan d’eau lagunaire, le projet de sauvegarde et de valorisation de la Baie de Cocody, lentement mais sûrement, émerge. L’Etat ivoirien prévoit d’investir 272,75 milliards de Fcfa dans ce projet pour accroître l’activité touristique de la ville d’Abidjan et créer des emplois. Le projet se déploie en deux tranches dont la première comprend deux phases. En ce qui concerne la première tranche, les travaux vont coûter 13,51 milliards de Fcfa de la première tranche (57,03 milliards de Fcfa sont achevés). Ils concernent la réalisation du dragage, du remblaiement et du confortement des berges du chenal. La seconde phase de la première tranche, d’un coût de 43,52 milliards de Fcfa, est en cours d’exécution, avec la création de quais de promenade, d’une plaine sportive et de la marina. Avec le Pont Alassane Ouattara qui enjambe cette portion de la lagune Ebrié, des visiteurs et autres randonneurs de  samedi et dimanche, contemplent la nature  avec   vue panoramique  sur une partie des communes de Cocody, d’Adjamé, de Treichville et du Plateau.
B.M
Légende photo : Une vue de la baie de Cocody réamenagée (Photo : Kobo)

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