La production nationale de riz dépend à plus de 70% de riziculture pluviale contre 20% de riziculture irriguée à condition de maitrise de l’eau et à 10% de riziculture inondée. La riziculture inondée se pratique en général en grande partie dans la région d’Odienné et Touba d’une part, et d’autre part, dans une petite proportion dans la zone de Séguéla et Boundiali. Dans ces régions- là, quand il pleut, les cours d’eau débordent et vont envahir de grandes étendues de terres. Par la connaissance du comportement de l’eau, il y a des variétés de riz dite inondée ( Deepwatterrice) qu’on sème juste avant l’arrivée de l’eau. Au moment où l’eau arrive, elles ont déjà poussée et elles continuent de pousser dans l’eau. Quand l’eau se retire, elle laisse du limon sert de sel minéraux à l’eau. Selon l’agroéconomiste, Dembélé Yacouba que nous avons rencontré il y a quelques années, « les étendues d’eau qui apparaissent pendant la saison des pluies, disparaissent après la saison pluvieuse. C’est un peu plus compliqué de faire une retenue, il faut une certaine quantité d’eau dans le cas contraire, elle va s’évaporer. Aussi, la réalisation d’une retenue d’eau coûte un peu cher. Nous avons eu plusieurs cadres ivoiriens qui on fait ce genre de retenue d’eau. Quand nous sommes allés voir, nous leur avons dit que l’eau allait s’évaporer. Ils y ont investi beaucoup d’argent mais le lac c’est asséché par la suite. Parce que, pour que ça passe la période de la saison sèche, il faut vraiment une certaine quantité d’eau. En plus de l’évaporation, vous devez faire l’irrigation des cultures, ça ne va pas tenir longtemps. Il y a au préalable des études très serrées à réaliser qui peuvent prendre un à deux ans. Rien ne se fait au hasard et aussi, il faut connaitre le bassin versants qui ruissellent vers là, la quantité d’eau qui arrive là » L’ambition de la Côte d’Ivoire, c’est de faire le maximum de retenues d’eau à travers un programme chiffré en plusieurs milliards de Fcfa. «Un barrage, ça coûte cher. Pour aménager rien qu’un hectare, il faut au moins 17 millions de Fcfa et pour une prise au fil de l’eau c’est 1,8 million de Fcfa. C’est pourquoi, nous sommes en train de privilégier cette dernière option qui coûte moins chère » nous avait-il indiqué. Au niveau de la Côte d’Ivoire, la moyenne de précipitation est de 1500mm par an. Un pays comme le Maroc ne reçoit que 450mm de pluie par an mais a plus d’eau conservée que la Côte d’Ivoire. Parce qu’il a plus beaucoup de retenues d’eau qui lui permettent de pratiquer une agriculture irriguée très dynamique avec à la clé des produits de contre-saison à volonté bien souvent exportés( Agrumes) vers la Côte d’Ivoire. Parlant justement de ce pays, des informations glanées sur le site www.agriculture.gov.ma, font état de ce que l’agriculture irriguée s’est imposée comme composante de l’économie nationale et régionale en tant que levier de production de richesses et de création d’emplois. En effet, « l'agriculture irriguée au Maroc, bien qu'elle n’occupe que 15 % des superficies cultivées contribue à environ 45 % en moyenne de la valeur ajoutée agricole et intervient pour 75 % des exportations agricoles. Cette contribution est plus importante pendant les années de sècheresse où la production des zones Bour est sévèrement affectée. Durant la campagne 1994-1995, année sèche, cette contribution s’est par exemple située à 70% de cette valeur ajoutée. Le secteur irrigué contribue en moyenne à hauteur de 99% pour la production de sucre, 82% pour les cultures maraîchères, 100% pour les agrumes, 75% pour les fourrages et 75% pour le lait. En outre, ce secteur assure près de 120 millions de journées de travail par an, soit environ 1 million 65 mille emplois dont 250 mille permanents » ajoute la source. Qui ne manque de préciser qu’ à cela, il faut ajouter l'amélioration des revenus des agriculteurs qui, grâce à l'avènement de l'irrigation, ont été multipliés par 5 à 13 fois selon les périmètres, le désenclavement et l'accès aux autres services publics communaux comme l'eau potable, l'électrification, etc., ainsi que les retombées importantes à l'amont sur les secteurs des travaux publics, de l'industrie et des services, et à l'aval sur le secteur de l'agro-industrie. Cette vision marocaine doit inspirer la Côte d’Ivoire dont le succès dit-on repose sur l’agriculture.
Bamba Mafoumgbé
Légende photo : Ici, un site irrigué au Maroc. Cela doit inspirer la Côte d’Ivoire. ( In Lginfos du 11 juin 19)