La Côte d’Ivoire est un pays constamment arrosé par une précipitation régulière et abondante qui fait parfois des dégâts matériels et humains. Mais qu’est-ce qui est fait en matière de maitrise de l’eau en Côte d’Ivoire qui pourrait l’aider à doper davantage son agriculture ? Dossier… La côte ouest africaine qui couvrent plusieurs pays dont la Côte d’Ivoire, est constamment arrosée par des pluies très souvent abondante. Rien que pour la saison en cours, experts internationaux et particulièrement ceux de la Société de développement et d’exploitation aéronautique et météorologique( Sodexam),prévoient de fortes pluies sur la Côte d’Ivoire en 2019. Les perspectives climatiques de la première saison des pluies allant de mars à juin 2019 indiquent des excédents pluviométriques de 1 à 5% par rapport à l’année 2018 dans le sud de la Côte d’Ivoire. Dans un document qui résume les perspectives climatiques pour la saison des pluies allant de mars à juillet 2019 en Côte d’Ivoire, l’on note une hausse de la pluviométrie dans plusieurs régions du pays par rapport à l’an dernier. « Au sud intérieur de la Côte d’Ivoire, pour les périodes de mars-avril-mai 2019, il est très probable que les cumuls pluviométriques soient supérieurs à ceux des moyennes saisonnières de 1981-2010, tandis que ceux de Avril-mai-juin 2019 pourraient être proches des cumuls de la normale saisonnière. Le cumul pluviométrique moyen serait compris entre 300 et 500 millimètres pour la période mars-avril-mai 2019, soit une hausse de 5% par rapport à l’année 2018», indique la note ajoutant qu’au cours de la période Avril-mai-juin 2019, il est attendu des cumuls pluviométriques entre 400 et 600 millimètres, soit une hausse de 28% par rapport à l’année 2018. Des hausses de pluies par rapport à l’année dernière sont également annoncées au centre (hausse de 2% pour la période de mars-avril-mai 2019 et une hausse de 10% pour la période avril-mai-juin 2019), et sur le littoral ivoirien une hausse de 1% pour la période de mars-avril-mai 2019 et une hausse de 4% pour la période avril-mai-juin 2019. La même source indique que seul dans le Nord ivoirien, une baisse de la pluviométrie est annoncée pour la période de mars-avril-mai 2019. Face à cette augmentation en vue de la quantité des pluies dans le pays pour cette saison des pluies 2019, plusieurs recommandations ont été formulées par la Sodexam en vue de réduire les risques d’inondations et de maladies. Ainsi, il est recommandé entre autres, la sensibilisation des populations des zones exposées, la création des réservoirs de collectes et de conservation d’eau de ruissellement, la mise en place des stocks de moustiquaires, d’antipaludéens, de chlore et d’autres produits de traitement de l’eau et la diffusion des informations d’alerte et de sensibilisation sur les maladies climato-sensibles en collaboration avec les services de la météorologie et de la santé. « Les prévisions saisonnières indiquées sont des profils attendus. Des mises à jour mensuelles seront effectuées en fonction de l’évolution des paramètres climatiques », souligne la note. La Côte d’Ivoire n’est donc pas sortie de grande saison pluvieuse. L’on se rappelle que sur la période allant de juin à juillet 2017, cette structure experte en la matière avait prévu sur 21 à 26 jours, un niveau de précipitation oscillant entre 335 mm à 378 mm sur le grand Abidjan. Pendant qu’à l’intérieur du pays, notamment à Bouaké, le climat a été humide avec 121 mm de pluie sur 22 jours. La météo s'est arrangée par rapport au mois précédent puisqu'en mai de cette année- là, on a enregistré en moyenne 221 mm de pluie sur 27 jours. Par ailleurs, le climat au mois de juin à Korhogo a été humide avec 99 mm de précipitations sur 14 jours. Il a été noté une aggravation par rapport au mois précédent puisqu'en mai, l’on enregistre en moyenne 88 mm de pluie sur 12 jours. De fortes précipitations qui causent souvent fois, des morts et des inondations de quartiers, de destructions avec des morts d’hommes Et pourtant ! ( voir encadré 1). Les origines de ces pluies diluviennes De l’avis de M. Abdoulaye Gadiéré , spécialiste principal en environnement et gestion des ressources naturelles à la Banque mondiale –Abidjan, que nous avons interrogé dans la mouvance de la Cop 21, ces pluies sont dues au changement climatique ou le dérèglement climatique. Qui n’est autre que « la variation des paramètres tels que la température, la pression, la pluviométrie etc. qui déterminent un état de l’atmosphère en un lieu donné pendant un temps déterminé. De ce fait, en climatologie l’observation des changements de ces différents paramètres doit être faite sur une période d’au moins 30 ans avant de statuer véritablement sur le changement d’un climat » Aussi, notre expert ajoute qu’en termes d’impacts « Aujourd’hui, ce dérèglement climatique a évidemment des impacts négatifs non seulement sur les prévisions de récoltes mais également sur les prévisions des gouvernements pour permettre aux populations de mieux faire face à ces chocs climatiques. En ce qui concerne les prévisions de récoltes, vous avez la tendance au développement des phénomènes extrêmes tels que les sècheresses et les inondations qui rendent hypothétique aujourd’hui toute prévision. Pour des pays sahéliens comme le Burkina Faso, le Mali et le Niger, vous avez des cultures agricoles qui sont développés en tenant compte de la hauteur d’eau qui tombait habituellement » Il ne manque pas d’ajouter : « Pour l’extrême nord de ces pays-là, vous avez autour de 3 à 4 voire 2 mois et demi de pluie par an. Dans le domaine de l’agriculture, les variétés qui sont cultivées prennent donc en compte ce paramètre d’où l’adoption de variétés dites à cycle court. De nos jours avec ce dérèglement climatique, certains de ces variétés sont arrosées plus que d’habitude compromettant ainsi leur potentiel productif tandis que sous d’autres cieux, les hauteurs d’eau couramment enregistrées accusent des baisses sensibles avec des poches de sècheresse allant de plusieurs jours voire des semaines produisant sensiblement le même résultat que pour les zones qui se trouvent dans le premier cas » Visiblement, tout cela engendre effectivement des conséquences au niveau des prévisions. L’agriculture ivoirienne, l’irrigation et la maitrise d’eau…Qu’est-ce qui est fait en matière de maitrise d’eau, au niveau de certains pays à vocation essentiellement agro-industrielle comme la Côte d’Ivoire sur laquelle, il tombe en moyenne, 1500 mm de précipitation par an. Que fait-on avec ces fortes précipitations qui se déversent sur le sol ivoirien ? Des dispositions sont prises pour mieux maitriser l’eau afin de redynamiser les cultures irriguées en Côte d’Ivoire ? Un questionnement qui nous a poussés à consulter des experts ivoiriens dont Yacouba Dembélé, Ingénieur et agroéconomiste de son état. La Côte d’Ivoire qui est constamment arrosée par des précipitations abondantes et régulières a décidé de mettre le cap sur l’autosuffisance en riz mai en vain. Face à cette préoccupation majeure, les réponses de M. Dembélé Yacouba, par ailleurs, directeur général de l'Agence pour le développement de la filière Riz (Aderiz) qui n’est autre que l’ ex- Office national pour le développement de la riziculture( Ondr), sont on ne peut précises quand il dit : « Il est bon d’indiquer qu’actuellement la Côte d’Ivoire avec 55 mille hectares qui sont aménagés sur toute l’étendue du territoire national(…) Pour être plus précis, il s’agit là des barrages, les grandes retenues, les petites retenues et les prises au fil de l’eau, nous avons environ 55 mille ha sur un potentiel de plus de 200 mille hectares. Qui nous permettent de faire les deux cycles par an. Pour un pays comme la Côte d’Ivoire tout comme les autres pays à vocation rizicole, il est bon de ne plus dépendre de la pluie , d’avoir des aménagements qui nous permettent de faire la maitrise de l’eau et de faire deux cycles par an » Tout cela doit pouvoir aider à faire monter la tendance entre riz irrigué et riz pluvial. C’est dans ce cadre- là que la Banque ouest africaine de développement( Boad) et un financement koweitien nous ont permis de construire un barrage dans la zone de M’Bahiakro. Ce barrage à ballon gonflable permet quand on a besoin d’eau pour l’irrigation de gonfler le ballon et quand on n’en a pas besoin, on lâche l’eau et elle passe. Il est à préciser que ce barrage permet d’irriguer 450 Ha d’un tenant. La première étude sur l’irrigation qui n’est autre que l’Etude du plan directeur de l’irrigation( Epdi) indique que la Côte d’Ivoire dispose de 200 mille ha de bas-fond qui peuvent être aménagés en condition de maitrise totale de l’eau. Ainsi on ne dépend plus de la pluie. Qu’il pleuve ou qu’il ne pleuve pas, on travaille en toute tranquillité grâce aux retenues d’eau et déviations, on arrive à faire un cycle durant la saison sèche. Pour un pays comme la Côte d’Ivoire tout comme les autres pays à vocation rizicole, il est bon de ne plus dépendre de la pluie , d’avoir des aménagements qui nous permettent de faire la maitrise de l’eau et de faire deux cycles par an.
Bamba Mafoumgbé,Cette adresse courriel est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.( Lginfos du 11 juin 2019)
Légende photo : Une vue du barrage hyrdo- rizicole de M’bahiakro . Un modèle à implémenter.