Depuis courant juillet 2021, une vague de limogeages de Directeurs généraux d’Etablissements publics nationaux( Epn), consécutive à des audits et opérations mains propres est en marche en Côte d’Ivoire. Dossier
Juste après son arrivée aux affaires d’Etat, après avril 2011, l’actuel Chef de l’Etat ivoirien Allassane Ouattara, a fait signer à son Premier ministre d’alors Guillaume Soro et ses ministres, une charte d’éthique, de déontologie et de bonne gouvernance. Plus d’un observateur, partenaires au développement et du secteur privé ont applaudi à tout rompre. Malheureusement, ce code de bonne conduite a été rangé au placard, pour ne pas dire « déchiré »par les premiers concernés. Ont suivi par la suite, plusieurs scandales qui ont éclaboussé des ministres du gouvernement. Citons entre autres : « L’affaire de Satarem Grennsol » impliquant clairement la ministre Anne Désirée Ouloto. Un marché qui a été annulé au finish par l’Agence Nationale des Marchés Publics,(Anrmp. Le Directeur de cabinet adjoint de Mme le ministre, Anne Ouleto pourtant soupçonné d’accointances avec l’entreprise ISP Pangola, c’est le pauvre Sekongo Laurent, qui a été limogé par la ministre. Cet ancien Meeciste nous a-t-on dit, aurait pris des engagements et promis d’aider l’un des soumissionnaires. Nous avons eu « l’affaire Celpaid » pour l’inscription en ligne dans les établissements scolaires publics » d’autres parts. Il est bon d’indiquer que dans ce dernier dossier, sont cités nommément deux barons du Rassemblement des Républicains( Rdr). Citons Mamadou Sanogo, alors ministre de la Construction et de l’Urbanisme, par ailleurs, propriétaire de Celpaid et Kandia Camara, ministre de l’Education Nationale qui a passé le juteux marché à son camarade de parti. Au scandale précité, ajoutons celui portant sur le marché de réhabilitation des universités publiques de Côte d’Ivoire. D’un coût de 110 milliards de Fcfa, au départ, ce vaste marché a été aussi passé de gré à gré avec la Société moderne de développement et de travaux de Côte d'Ivoire (Smdtci) de Séklaoui. Montant de la facture globale d’environ in fine, « plus 200 milliards de Fcfa selon Alassane Ouattara, le Chef de l’Etat ivoirien. ( Cf Frat- mat du 26 juin 2015) ». Jusqu’à ce jour, du moins officiellement, les résultats des audits et enquêtes annoncées n’ont pas été portés à la connaissance du contribuable ivoirien. Même si un second coûteau, le Daaf ( Meité Adama) de Cisse Bacongo, alors ministre de l’Enseignement supérieur, Nous sommes en 2021, soit près de 10 ans après, le Premier ministre ivoirien, Patrick Achi Jérôme, sur instruction de Allassane Ouattara engage un processus d’envergue « d’audits et d’opération mains propres » aux sommets des 81 établissements nationaux ( Epn) dont 27 sociétés d’Etat à capitaux publics de l’Etat de Côte d’Ivoire. Depuis, juillet 2021, la liste des Directeurs généraux suspendus ne fait que s’allonger. Du Dg de l’Artci, en passant par celui de l’Agence de gestion foncières( Agef) à ceux de la Société nationale d’opérations pétrolières en Côte d’ Ivoire( Petroci) et l’Autorité nationale de régulation de l’électricité en Côte d’Ivoire,(Anare-ci), ont été à la limite débarqués et les têtes continuent de tomber. Le Premier ministre Achi Patrick, lors de sa conférence de presse - bilan du 08 novembre2021 à l’auditorium de la Primature au Plateau, a ceux qui estiment que le processus est lent et tatillon, a rétorqué que « le processus des audits est irréversible » et que « le chef de l’Etat ne reculera pas ». Une sortie qui ressemble bien à une opération qui vise à maintenir l’Epé de Damoclès, sur la tête de ceux qui pensent être intouchables de la Case( Rdr), de se tenir à carreau. Mais jusqu’à où peut aller ? Pourquoi maintenant alors qu’on a pas fait rendre gorge aux premiers cités dans des soupçons de malversation et de corruption dans l’exercice de leurs charges quotidiennes de gestions des affaires publiques ? S’agit-il pour Ouattara de contenter un tant soit peu le secteur privé et la communauté des bailleurs de fonds, qui grognent de plus en plus en sourdine ? Ou pour gagner de précieux points aux prochains classements Doing business de la Banque mondiale et de l’Indice Mo Ibrahim de la Fondation du même nom ? Les deux tableaux sont plausibles.
Contenter l’Ue, le Mcc et le secteur privé…
En effet, en suspendant le Professeur Yapi Ange Désiré,Dg de la Nouvelle Pharmacie de la santé publique( Nouvelle Psp) , Diaby Lanciné, Dg du Fonds d’entretien routier( Fer) et M. Ouattara Youssouf, Dg de l’Agence de Gestion et de développement des infrastructures industrielles (Agedi), l’exécutif ivoirien voudrait aller à cela. Il ne faudrait pas oublier M. Coulibaly Lamine précédemment, directeur général de l’Agence de gestion foncière (Agef). Il a été suspendu en juin 2021. À ce jour, il est le seul en détention à la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (Maca). Le gouvernement de l’avis de certains observateurs, « veut envoyer un signal fort à l’ Union européenne( Ue) impliquée dans la réhabilitation de l’ex-pharmacie de santé publique ( Psp) devenue Nouvelle Psp, mais aussi les partenaires américains du Millenium Millenium Challenge Account – Côte d’Ivoire (Mca-Côte d’Ivoire) qui financent des projets pilotés par le Fer dans le cadre du « Programme Compact ». Le programme Compact, issu de la signature d’un protocole d’accord portant sur un don de 525 millions de dollars Us , soit environ 310 milliards de Fcfa) du Gouvernement américain, s’inscrit dans la dynamique de mobilisation de ressources de l’Etat de Côte d’Ivoire à l’effet d’améliorer les conditions de vie des populations. Ce don est destiné au financement de deux projets que sont : Le projet « skills employability and productivity » qui vise notamment la construction de 84 collèges de proximité, de 4 centres de formation professionnelle. Le projet « Abidjan Transport Project (Atp) » qui concerne notamment la réfection de 32 kilomètres de routes critiques à Abidjan, la construction d’aires stratégiques de stationnement et de mise en place d’un master en gestion des infrastructures routières ». En ce qui concerne l’Agedi, elle est cogérée par le secteur privé ivoirien qui met la main à la poche pour financer des investissements en principe , dans des infrastructures industrielles pilotés par l’Age« Nous a voulu au départ, que le Dg soit désigné par appel à candidature, on ne nous a pas suivi. Nous avons attiré l’attention du ministère du Commerce et de l’Industrie sur certaines déviations constatées, nous n’avons pas été aussi suivis… Nous en sommes là(…) » nous avait confié un membre du patronat ivoirien, juste avant la suspension de l’ex- Dg Ouattara Youssouf.
Pour gagner des points au Doing Business et l’Indice Mo Ibrahim ?
S’il s’agit d’une opération de charme pour gagner des précieux points aux prochains classements du Doing Business et l’indice Mo Ibrahim, l’on peut dire que le signal est fort. Tant, l’initiative est au centre de tous les débats d’experts ou non aussi bien dans les formations politiques que la presse, sur les bords de la Lagune Ebrié. C’est bien de s’engager pour combattre la corruption, le mal gouvernance en Côte d’Ivoire, il faudra certainement plus loin en remontant la chaine de commandement. Est-ce que se sont seulement « les seconds couteaux » qui doivent toujours payer ? Il faut changer la donne. En 2013, le pays s’était donné pour objectif d’être parmi les 50 premières économies du classement à l’horizon 2020. Challenge qu’Abidjan n’ a pas réussi pour l’instant. Même si du progrès a été fait dans le classement Doing Business de la Banque mondiale. L'édition 2019 du classement Doing Business établi par la Banque mondiale a été publiée le mercredi 31 octobre 2018. La Côte d’Ivoire est passée de la 139ème à la 122ème place des espaces où il fait bon de faire des affaires dans le monde. Enregistrant ainsi une progression de 17 rangs, certes. Attendons les prochains classements de la Côte d’Ivoire, dans le Doing Business et d’Indice Mo Ibrahim.
Bamba Mafoumgbé,Cette adresse courriel est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser. In LE TEMPS DU 25 NOVEMBRE2021
Légende photo : ( Photo Allassane Ouattara) Jusqu’ à où ira Allassane Ouattara, le Chef de l’Etat ivoirien ?
Dossier //Audits et opérations mains propres dans les Epn// « Les seconds couteaux » risquent encore de payer…
Publié le 28 novembre 2021