Prix garanti bord champ (campagne 2023-2024): Cacao 1000 Fcfa/Kg;  Café  900 Fcfa/Kg

samedi 27 avril 2024
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Agro-industrie//Kilogramme du cacao à 3000Fcfa au Cameroun contre 1000Fcfa en Côte d’Ivoire// Quand le changement climatique et le Commerce équitable font flamber les cours

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Agro-industrie//Kilogramme du cacao à 3000Fcfa au Cameroun contre 1000Fcfa en Côte d’Ivoire//  Quand le changement climatique et le Commerce équitable font flamber les cours

Les cours du kilogramme de fèves de cacao continuent de flamber sur le marché mondial, dans un contexte de déficit de production, consécutivement aux effets néfastes du dérèglement climatique entre autres  . Dossier…

La hausse des prix du Kilogramme du cacao aux producteurs camerounais de cacao par rapport à ceux de la Côte d’Ivoire continue de secouer la toile et susciter des débats dans les zones de production. Le phénomène n’est certes pas nouveau au Cameroun. Mais pour cette campagne de commercialisation en cours, l’écart entre les prix bords champs dans les deux pays est très élevé.
1000 Fcfa le Kg au bord champs en Côte d’Ivoire contre plus de 4000Fcfale Kg au pays de Paul Biya en moment. Voire plus.
Le Cameroun, cinquième producteur mondial de cacao ne produit qu’environ 300 mille tonnes de fèves brutes par an. Pour la campagne de commercialisation 2022- 2023, la production nationale de ce pays qui frappe aux portes de l’Initiative de cacao durable Côte d’Ivoire – Ghana, a chuté de 33 051 tonnes. Selon Investir au Cameroun, au cours de la campagne cacaoyère 2022-2023, s’est achevée officiellement depuis le 15 juillet 2023 et le 7 septembre 2023, il a été procédé au lancement de la saison 2023-2024 à Ngomedzap, dans la région du Centre du pays, la production nationale camerounaise a culminé à 262 112 tonnes. Ce qui correspond à une baisse de 33 051 tonnes, soit 11,2%, en comparaison avec les 295 163 tonnes de production commercialisée enregistrée au terme de la campagne 2021-2022.
À en croire le rapport de campagne dressé par l’Office national du cacao et du café (Oncc), cette baisse de la production est due « essentiellement au repos végétatif, aux effets néfastes du changement climatique et à la situation sécuritaire dans les bassins de production du Nord-Ouest et du Sud-Ouest », en proie à une crise socio-politique depuis fin 2016. Parmi les éléments de contexte pouvant également justifier cette baisse de la production cacaoyère au Cameroun, au cours de la saison 2022-2023, l’Oncc cite « le renchérissement des coûts des intrants agricoles en raison du conflit en Ukraine et les exportations illégales et massives vers le Nigeria ».
Hausse du prix Kilogramme du cacao au Cameroun
Sur un registre positif cette fois-ci,la campagne cacaoyère qui s’achève au Cameroun a été marquée par une augmentation des volumes de fèves transformées localement. En effet, selon les données officielles, les broyeurs locaux (industries et unités artisanales) ont transformé 89 204 tonnes de fèves au cours de la campagne 2022-2023, contre 86 850 tonnes en 2021-2022.Ce qui révèle une hausse de 2 354 tonnes correspondant à 2,7% en valeur relative. Cette augmentation des broyages locaux est imputable non seulement au dynamisme des industries existantes, mais aussi à l’arrivée d’un nouvel opérateur, à savoir Africa Processing. Cette entreprise qui a fait son apparition au cours de la campagne sous-revue a acheté 162 tonnes de fèves sur le marché pendant la saison, selon les données de l’Oncc.
Côté prix aux producteurs, l’embellie a également été au rendez-vous au cours de la campagne cacaoyère 2022-2023. En effet, apprend-on officiellement, si le prix moyen minimum est resté le même que celui de la campagne précédente, à 750 Fcfa le kilogramme, le prix maximum, lui, a connu un bond au cours de la dernière campagne. Il a atteint 1 480 Fcfa dans les bassins de production en 2022-2023, contre 1 290 au cours de la campagne précédente, en hausse de 190 Fcfa le kilogramme (14,7%). Cette augmentation de la rémunération des producteurs peut s’expliquer par la concurrence que se livrent désormais sur le marché les six broyeurs locaux (Sic Cacaos, Atlantic Cocoa, Neo Industry, Chococam, Ferrero et Africa Processing) et les exportateurs de fèves brutes.
Ce n’est pas tout ! Le Kilogramme du Cacao d’excellence très prisé (Voir encadré 1) devrait frôler la barre de 2 000 Fcfa pour la première fois au Cameroun. Nous y sommes et la moisson est très bonne à ce niveau. Avec les centres d’excellence de traitement post- récolte du cacao dont un projet est en pleine implémentation depuis 2020, dans la région du Centre du pays. Selon les responsables de l’interprofession cacao-café, qui implémentent le projet « cacao d’excellence », en partenariat avec les maîtres chocolatiers français, trois nouvelles infrastructures du même type seront construites dans le pays en 2021. Les fèves soigneusement traitées sont très prisées par les maitres chocolatiers qui viennent les acheter à prix d’or durant des opérations de vente aux enchères. Selon des confrères camerounais, que ce soit en matière de prix payé aux planteurs ou de commercialisation des fèves, le niveau historiquement élevé des cours de l’or brun fait les affaires du Cameroun qui est dans un système libéralisé. « 2 730 francs Cfa le kilogramme de cacao. C’est le prix auquel ont été vendues 85 tonnes de fèves dans la région de l’est du Cameroun en cette fin janvier. Un tarif qui confirme le statut des producteurs camerounais comme étant parmi les mieux rémunérés au monde », a souligné le 23 janvier 2024, le ministre du Commerce camerounais, Luc Magloire Atangana Mbarga.
Les centres d’excellence de traitement post-récolte du cacao sont des structures dotées d’équipements de fermentation, de séchage et de stockage spécifique, auxquels il faut ajouter un itinéraire de contrôle strict de la qualité des fèves, qui permet au final d’obtenir du cacao de qualité supérieure, encore appelé cacao d’excellence. Le produit issu de ces centres, qui ont livré leurs premières 150 tonnes de fèves lors de la dernière campagne cacaoyère, est vendu avec des primes substantielles aux producteurs. Par exemple, apprend-on officiellement, ces fèves ont été cédées aux maîtres chocolatiers français au prix de 1650 Fcfa le kilogramme au cours de la dernière campagne, contre une moyenne de 1300 Fcfa pour les fèves ordinaires.
Pour la campagne 2020-2021 courante, le « Club des chocolatiers engagés », qui ne compte plus seulement des maîtres français, mais également des partenaires belges et bientôt suisses, a d’ores et déjà garanti un prix minimum de 1640 Fcfa aux producteurs de fèves d’excellence et donc avec un « cacao de niche » très prisé par les maitres- chocolatiers qui traitent directement avec les centres d’excellence comme ceux de Ngoro, Nkondjock et Minkama, tous situés dans la région du Centre, devenue le plus important bassin de production de cacao du Cameroun, depuis le déclenchement de la crise séparatiste dans la région anglophone du pays, en octobre 2016.
Bamba Mafoumgbé,Cette adresse courriel est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.
Encadré 1/ Les producteurs camerounais profitent du Fair Trade et de l’impact des changements climatiques

De l’avis de l’expert ivoirien, le Docteur Douka Christophe, les producteurs camerounais tout comme ceux de Madagascar profitent ainsi des retombées du Fair Trade ou commerce équitable. « La vraie raison de la ruée des usiniers vers le Cameroun est que ce pays pratique un « Fair Trade », c'est-à-dire un commerce équitable. Le « Fair Trade » encourage les partenariats commerciaux à long terme et autonomise les producteurs par le biais de formations et d'un appui visant à améliorer la qualité et leur réactivité aux tendances du marché. » explique-t-il. Et d’ajouter que «Le commerce équitable est un partenariat commercial, basé sur le dialogue, la transparence et le respect, qui vise plus d’équité dans le commerce international. Le commerce équitable contribue au développement durable en proposant de meilleures conditions commerciales aux producteurs marginalisés, essentiellement dans les pays du Sud, et en sécurisant leurs droits. »
Les effets des changements climatiques aussi
En outre, les changements climatiques impactent depuis quelques années la production mondiale de cacao. L’Icco ou l’Organisation internationale du Cacao annonce un déficit de production de l’ordre de 11%.
L'organisation internationale de cacao (Icco) a publié ses premières prévisions annuelles pour la campagne 2023/2024, annonçant une chute de 11% de la production mondiale de cacao, renseigne Sika Finance. Cette baisse significative est estimée à 4,449 millions de tonnes, contre 4,996 millions de tonnes enregistrées lors de la précédente campagne.
Les conditions météorologiques défavorables et les maladies affectant les vergers en Côte d'Ivoire et au Ghana, les deux principaux producteurs mondiaux, sont les principales causes de cette diminution de la production. En conséquence, le marché mondial devrait faire face à un niveau de déficit record. Alors que le déficit était estimé à 74 000 tonnes lors de la dernière campagne, il devrait atteindre 374 000 tonnes, soit cinq fois plus important, selon les projections de l'Icco. Cette anticipation a déjà eu un impact sur les cours du cacao : depuis le début de l'année, les prix ont doublé, passant d'environ 4 200 dollars la tonne à New York début janvier, soit environ 2310000 Fcfa à près de 8 000 dollars soit environ 4400000 Fcfa à la mi-journée du 18 mars 2024.
Mais que disent le gouvernement ivoirien et le Conseil café-cacao(le régulateur ivoirien)
Le gouvernement ivoirien tente de justifier, à travers son porte-parole, les différences de prix du kilogramme des fèves de Cacao pratiqué en Côte d'Ivoire 1000 Fcfa et celui du Cameroun qui passe de 4225 Fcfa à 5100 Fcfa. Soit un écart de 4000 Fcfa. Voici comment il explique cet écart des prix du kilogramme de Cacao en Côte d'Ivoire et le Cameroun.
La Côte d'Ivoire, est le premier pays producteur mondial de fèves de cacao avec une production la Côte d'Ivoire de 2,3 millions de tonnes de cacao sur la campagne 2022/2023.
La Côte d’Ivoire dont système de commercialisation a été reformé à plusieurs reprise, a un système de vente qui repose sur la vente par anticipation. Elle vend par anticipation par le biais d’enchères électroniques, 70 à 80 % de sa récolte globale afin de tirer profit d’éventuelles hausses des cours mondiaux. Le reste est vendu en spot au cours du jour. Dans le cadre du nouveau système en vigueur né de la dernière réforme, il est servi aux producteurs ivoirien, 60% du Caf de référence et le prix du Kilogramme est garantie au producteur. En outre, malgré la Kyrielle de taxes adossées au Kilogramme de cacao pour alimenter les caisses de l’Etat, par ailleurs tant décriée par des analystes, un accent particulier est mis par la Côte d’Ivoire sur l’amélioration du revenu et des conditions de vie et de travail des producteurs. Aussi bien en termes d’accès à la santé, à l’éducation qu’à l’eau potable entre autres. Sans oublier le traitement phytosanitaire du verger café-cacao par le Conseil café-cacao.
Face à la grogne de certains acteurs ivoiriens de la filière café-cacao, le Conseil cacao explique et rassure : « La surenchère pratiquée ne profite aucunement aux producteurs mais plutôt aux intermédiaires de la chaine que sont les traitants, les pisteurs etc. La Côte d’Ivoire pratique des ventes anticipées ; ce qui sous-entend que les exportations actuelles sont faites sur la base de contrats qui ont été vendus plus d’une année en avance alors que les prix de vente n’étaient pas aux niveaux actuels. L’avantage d’un tel système permet de garantir un prix aux producteurs sur une campagne donnée. Le système permet aux producteurs de bénéficier des prix actuels de façon décalée à partir de la campagne prochaine, dont la production est en train d’être vendu. A contrario, si les prix actuels étaient en baisse, les revenus des producteurs auraient été garantis et ces derniers ne subiraient pas la baisse. »
Selon les chiffres officiels du ministre d’Etat, ministre de l’agriculture, du développement rural et des productions vivrières, Kobenan Kouassi Adjoumani, « Entre la campagne précédente (2022-2023) et la campagne 2023-2024 qui débute, ce sont environ 210 milliards de Fcfa qui s’ajoutent sur les revenus des producteurs de cacao. Pour le café, cet engagement du Chef de l’Etat représente un effort budgétaire supplémentaire de 14 milliards de Fcfa »
La politique du gouvernement ivoirien visant à garantir des revenus décents aux producteurs, principaux maillons du secteur, ajoute le ministre d’État, a permis aux producteurs de cacao de recevoir plus de 2 009 milliards de Fcfa au cours de la campagne 2022-2023 contre 1 779 milliards de Fcfa au cours de la campagne 2021-2022, soit une hausse de 12,93%. De bons points certes mais la Côte d’Ivoire peut mieux faire en implémentant par exemple en plus du Programme de 2Qc(Qualité, quantité du cacao), des centres d’excellences à l’ivoirienne, pourraient sortir une niche de cacao très prisée par les maitres chocolatiers. Sans oublier une accélération de la politique de transformation locale de cette spéculation, pourque le pays dépende moins des yoyos du marché international.
Pays, leader mondial avec plus de 40% de l’offre mondiale de fèves de cacao, la Côte d’Ivoire ne transforme pour l’instant que 33% de sa production. Le gouvernement veut donc accélérer la transformation industrielle de l’or brun. Pour ce faire, le pays se dote de nouveaux complexes industriels.
Quid de la situation au Cameroun ?
Ce pays qui est le cinquième pays producteur mondial de l’or brun, n'a pas le même système vente. Au Cameroun, nous sommes un système libéralisé où le producteur est en contact direct avec les industriels. Dans pays, après la série de crises intervenues à la fin des années 1980 et au début des années 1990, le marché du cacao a été libéralisé et les producteurs vendent directement aux acheteurs au prix du marché international, sans intervention de l'État.
Bamba M.
Légende photo : Les conditions météorologiques défavorables et les maladies affectent les vergers en Côte d'Ivoire et au Ghana

 

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