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vendredi 25 avril 2025
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Côte d'Ivoire : Quand la Jambe et la Cuisse Refusent de se Détester – Une Allégorie de l’Unité et de la Sagesse Sociale(contribution)

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Côte d'Ivoire : Quand la Jambe et la Cuisse Refusent de se Détester – Une Allégorie de l’Unité et de la Sagesse Sociale(contribution)

Introduction : Une Nation, Un Corps, Un Destin

La société ivoirienne, à l’image du corps humain, est un ensemble d’organes interdépendants. Peut-on imaginer la jambe et la cuisse se détester ? Une telle absurdité ne pourrait que mener à l’effondrement de l’ensemble du corps. De la même manière, une nation dont les membres s’opposent en permanence se condamne elle-même à la paralysie et à l’implosion.

À l’aube de nouvelles échéances électorales et dans un climat marqué par des tensions sociales et politiques récurrentes, il devient urgent d’interroger la nature même de nos relations. Sommes-nous en train de nous construire ensemble ou nous acheminons-nous vers une autodestruction collective ? En s’appuyant sur des métaphores, des proverbes et la sagesse ancestrale, cet article propose une réflexion sur la nécessité de la cohésion sociale en Côte d'Ivoire.


I. La Fracture Sociale : Une Autodestruction Inconsciente

Dans une société où les divisions ethniques, politiques et sociales s’exacerbent, nous assistons à une scène paradoxale : des membres d’un même corps s’opposent et se blessent mutuellement. Mais que vaut une jambe si la cuisse est brisée ? Que vaut une main si le bras refuse de la soutenir ?

1. La Trahison de l’Espoir : Le Vol le Plus Cruel

"Ne faites aucune promesse que vous ne puissiez tenir ! La pire chose qu’on puisse voler à quelqu’un, ce ne sont pas ses biens, mais son Espoir !"

En Côte d’Ivoire, les promesses non tenues par les élites politiques et économiques ont engendré une profonde crise de confiance. Chaque parole en l’air, chaque illusion brisée creuse davantage le fossé entre gouvernants et gouvernés. Pourtant, la philosophie africaine enseigne que "celui qui ment pour obtenir le pouvoir creuse la tombe de sa propre crédibilité." La confiance est une denrée précieuse qui, une fois perdue, ne se récupère qu’au prix d’un effort immense.

2. La Culture de la Rancune : Un Poison pour l’Avenir

"Pourquoi garder rancune à un ennemi quand, tout au fond de lui-même, il regrette peut-être son geste ?"

Les conflits passés ont laissé des cicatrices profondes dans la société ivoirienne. Mais l’obsession de la vengeance et des représailles ne peut être une solution viable. L’histoire nous apprend que les rancunes non dépassées se transmettent de génération en génération, transformant chaque conflit en une guerre sans fin. La sagesse africaine enseigne que "l’eau ne reste pas dans le creux de la main ; de même, un cœur ne doit pas retenir la haine trop longtemps."


II. Les Clés de la Réconciliation : Quand le Corps Apprend à Guérir

Face à ces fractures, la Côte d’Ivoire doit réapprendre à panser ses plaies, en misant sur la sagesse sociale et la culture du pardon.

1. L’Art de Transformer un Ennemi en Allié

"Rendre de bons services à quelqu’un le rend honteux d'être ton ennemi ; ta grandeur d'esprit lui fera redouter l'idée de te blesser."

Dans la tradition ivoirienne, les alliances entre peuples ennemis étaient souvent scellées par un geste fort : offrir un bien précieux à l’ancien adversaire. Ce principe repose sur une vérité universelle : il est plus difficile de haïr quelqu’un qui nous a fait du bien. La Côte d’Ivoire ne pourra guérir de ses blessures qu’en mettant fin aux cycles de vengeance et en construisant des ponts plutôt que des murs.

2. L'Indépendance du Jugement : Refuser la Manipulation Collective

"Si tu détestes quelqu’un, déteste-le seul. Mais ne recrute pas des gens à le détester avec toi. Le faire, c'est de la sorcellerie."

Les manipulations politiques et sociales sont souvent à l’origine des divisions profondes. Certains leaders, au lieu de prêcher l’unité, entretiennent des antagonismes pour asseoir leur pouvoir. Or, comme le dit un proverbe baoulé : "Celui qui allume un feu pour brûler son voisin oublie que le vent peut souffler dans l’autre sens." La sagesse invite chaque individu à cultiver un esprit critique et à refuser de devenir un instrument de haine collective.


III. Un Modèle pour l’Avenir : La Côte d’Ivoire, un Corps qui Retrouve Son Harmonie

Si la Côte d’Ivoire veut avancer, elle doit réapprendre à fonctionner comme un corps unifié. Chaque citoyen, chaque leader, chaque communauté doit comprendre que la prospérité de l’un dépend de celle de l’autre.

1. La Joie comme Arme de Réconciliation

"N'oubliez pas de semer la joie dans les cœurs. Tout le monde y gagne."

La culture ivoirienne est riche en valeurs festives, en danses et en moments de partage. Pourquoi ne pas réhabiliter ces pratiques pour cimenter l’unité sociale ? Comme l’enseigne un proverbe akan : "Un peuple qui danse ensemble ne peut se faire la guerre." La joie et le bonheur partagés constituent des antidotes puissants contre la haine et la division.

2. La Côte d’Ivoire, Une Nation à Réinventer

Le corps ne peut fonctionner harmonieusement que si chaque organe joue son rôle sans chercher à dominer l’autre. Les élites doivent assumer leur responsabilité avec intégrité, la jeunesse doit refuser d’être instrumentalisée, et chaque citoyen doit cultiver un esprit de fraternité.

Le philosophe congolais Valentin-Yves Mudimbe écrivait : "Une nation ne se construit pas dans la peur et l’exclusion, mais dans la confiance et l’inclusion." Cette réflexion s’applique parfaitement à la Côte d’Ivoire. L’heure n’est plus aux clivages, mais à l’édification d’un projet commun, où chaque Ivoirien trouve sa place.


Conclusion : De la Jambe et de la Cuisse à la Nation Une et Indivisible

La Côte d’Ivoire, comme un corps humain, doit retrouver son équilibre. La jambe et la cuisse ne peuvent se détester, car elles ont besoin l’une de l’autre pour avancer. De même, aucune communauté ne peut prospérer sans l’autre.

Si la Côte d’Ivoire doit choisir entre la division et l’unité, entre la rancune et la réconciliation, entre la manipulation et la sagesse, le choix doit être celui de l’unité et de la paix. Il est temps d’écrire un nouveau chapitre de notre histoire, non plus en termes d’oppositions et de conflits, mais avec les mots de la fraternité, du respect mutuel et de l’espérance.

Que chacun prenne conscience que la Côte d’Ivoire appartient à tous, et qu’elle ne pourra se bâtir que dans la communion de ses âmes et la force de ses valeurs ancestrales.

Norbert KOBENAN

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