Prix garanti bord champ (campagne 2023-2024): CACAO 1800 Fcfa / KgCAFE 1500 Fcfa / Kg

dimanche 18 mai 2025
sys bannière

Le feu sous la cendre - la Côte d’Ivoire sociale face au miroir de 2025

Facebook Twitter LINKEDIN
Le feu sous la cendre - la Côte d’Ivoire sociale face au miroir de 2025

Un silence qui parle, une paix qui doute

La Côte d’Ivoire semble calme. Les rues sont pleines, les marchés vivent, les écoliers récitent. Et pourtant… le silence social qui précède les élections ressemble parfois à ce calme opaque d’avant-tempête.

Comme le relève Bloomfield Intelligence dans son rapport 2025, si les indicateurs macroéconomiques sont flatteurs, les lignes de fracture sociales, elles, restent profondes, voire explosives. En surface, la cohésion. En profondeur, la méfiance. Et à l’horizon, l’élection présidentielle d’octobre 2025, qui pourrait, une fois encore, faire vaciller le vernis de la paix retrouvée.


La jeunesse : une bombe à retardement ou une force à éveiller ?

Le paradoxe ivoirien est cruel : une jeunesse majoritaire, vibrante, connectée, créative — mais frustrée. Si elle fait les beaux jours du Zouglou, de l’entrepreneuriat et de l’innovation digitale, elle reste marginalisée des processus politiques classiques.


Le rapport pointe un enjeu majeur : la jeunesse est courtisée pour les foules, mais rarement considérée pour les idées.

Image : Le jeune ivoirien est un volcan qu’on invite à applaudir, mais à qui on interdit d’exploser.

Et dans un pays où les conflits passés ont souvent été alimentés par des frustrations générationnelles, ignorer encore cette jeunesse, c’est rejouer un disque rayé.


Les plaies ouvertes de la mémoire collective

Les élections de 2000, 2010, 2020 ont laissé des cicatrices. Certaines refermées. D’autres encore purulentes. Familles divisées. Exils prolongés. Injustices perçues ou vécues.

Le rapport souligne que les conflits latents — foncier, identité, justice transitionnelle — n’ont jamais vraiment été soldés. Or, un peuple qui avance sans avoir enterré ses morts avance les yeux fermés.

Sagesse : “Celui qui cache les blessures d’hier finira par marcher sur des tessons invisibles.”


L’enjeu électoral de 2025 : entre vigilance et maturité

L’élection de 2025 est perçue comme un moment charnière. Le rapport l’identifie clairement comme une zone de vulnérabilité :

- incertitude sur les candidatures majeures;

- méfiance persistante entre les grands blocs politiques;

- soupçons sur l’indépendance des organes électoraux;

- sentiment d’exclusion ou de confiscation de l’espace politique par certains acteurs.


Et pourtant, l’opinion nationale aspire à autre chose : une élection apaisée, sobre, digne. Une campagne sans insultes. Une victoire sans triomphalisme. Une défaite sans menaces.


Pour que le peuple redevienne acteur, et non victime

Le risque pays n’est pas qu’une donnée économique. Il est aussi social et émotionnel. La Côte d’Ivoire doit repenser la place du citoyen dans l’espace public.

Trop souvent, le peuple est réduit à un décor électoral. On le consulte sans l’écouter. On le manipule sans le convaincre. On le promet sans le respecter.

Image : Un peuple utilisé comme foule et ignoré comme voix finit par devenir foule sans voix.


Recommandations pour une démocratie sociale vivante

Éducation civique urgente :

- réconcilier l’électeur avec son bulletin, le militant avec sa dignité, le citoyen avec son pays.

Dialogue intergénérationnel :

- que les anciens écoutent la colère des jeunes, et que les jeunes comprennent la mémoire des anciens.

Campagne électorale codifiée :

- bannir les discours haineux, encadrer la propagande, imposer la vérité comme valeur cardinale.

Justice sociale visible :

- assurer une répartition équitable des fruits de la croissance pour désamorcer la bombe sociale silencieuse.


Au total, l’avenir ne se joue pas seulement dans les urnes, mais dans les cœurs.

Le rapport de Bloomfield n’a pas tort : la Côte d’Ivoire sociale est à la croisée des chemins. Soit elle capitalise sur les acquis du retour à la stabilité, soit elle banalise les signaux faibles qui ont jadis conduit au fracas.

> “Un peuple qu’on n’écoute pas devient une tempête qu’on ne contrôle plus.”


Faisons de 2025 non une répétition tragique, mais une renaissance civique. Qu’enfin, chaque citoyen se sente compté, respecté, écouté. C’est là que commence la vraie paix.


Par Norbert KOBENAN

sys bannière