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samedi 15 novembre 2025
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Dr. Marcellin N’DA dit N’DA Cacao(Chercheur et inventeur de la Cacaologie, INICA)-« Avec la cacaologie, nous voulons structurer et valoriser l’ensemble des connaissances et expertises autour du cacao »

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Dr. Marcellin N’DA dit N’DA Cacao(Chercheur et inventeur de la Cacaologie, INICA)-« Avec la cacaologie, nous voulons structurer et valoriser l’ensemble des connaissances et expertises autour du cacao »

Dans cet entretien, M. N’Da partage sa vision d’une industrie cacaoyère durable et présente les recettes de la cacaologie pour redynamiser l’ensemble des maillons de la chaine des valeurs du cacao.

C’est quoi exactement la cacaologie, que vous avez inventée ?
La cacaologie ou la Theobromatologie est la science dédiée à l’étude et la connaissance du cacao dans ses dimensions économique, agronomique, botanique, historique, culturelle, sociale, nutritionnelle, thérapeutique, éducative, économique et technologique. C’est une science émergente qui veut réinventer l’industrie du cacao, et redynamiser sa chaine de valeur du cacao par la recherche, la formation, l’innovation et la durabilité globale. Depuis des siècles, le cacao est une richesse exploitée, exportée, mais jamais pensée depuis ses terres d’origine. En plus les connaissances autour du cacao restent dispersées.

Avec la cacaologie c’est une nouvelle vision du cacao au- delà de son rôle de matière agricole, pour valoriser cette spéculation comme une ressource nutritionnelle, économique, culturelle et éducative à exploiter. Avec la cacaologie on passe d’un modèle d’industrie basé sur la vente des fèves brutes et transformées à un modèle basé sur la connaissance et l’expertise autour du cacao.
Comment vous est venue l’idée de cette science émergente ?
Je suis issu d’une famille de planteurs de cacao et je suis moi-même planteur également. Mais j’ai constaté que l’économie cacaoyère beigne dans un vrai paradoxe. D’un côté le cacao est à la base de l’industrie du chocolat depuis deux cents ans, une industrie qui génère plus de cent milliards de dollars par an et de l’autre côté nous avons les producteurs qui n’arrivent pas à en vivre décemment. Au plan professionnel, mon expertise couvre la naturothérapie, l’agronomie, le génie des procédés de production, de gestion post-récolte et de transformation du cacao, notamment l’artisanat chocolatier. Le déclic pour la cacaologie, c’est ce croisement entre la chocolaterie et l’œnologie que j’ai appris en Afrique du Sud et au Ghana. Ce qui m’a conduit à me poser deux questions fondamentales : Première question « Comment valoriser le cacao au-delà de son rôle de simple matière première, pour qu’il devienne comme le vin, une ressource éducative, sociale et culturelle ? » Deuxième question : « Quelle réponse apporter face aux défis de la durabilité globale que rencontre la filière afin d’assurer sa durabilité pour les générations actuelles et futures » ?


Qu’est ce qui caractérise la cacaologie en tant que science ?
Le cacao est devenu un sujet de recherche scientifique interdisciplinaire. La Cacaologie est à la croisée de plusieurs disciplines scientifiques, notamment l’agronomie, la botanique, la chimie, la biochimie, l’économie, l’anthropologie, et les technologies agroalimentaires. C’est une science qui repose sur quatre piliers : le premier pilier est la recherche scientifique pluridisciplinaire. Le deuxième pilier est la durabilité globale et éthique qui est une notion nouvelle qui prend en compte la durabilité de la plante, la durabilité des sols, la durabilité de l’environnement, la durabilité économique et la durabilité du capital humain à travers la valorisation du producteur. Le troisième pilier est la transformation innovante avec un nouveau segment de transformation appelé la Nutricacaotérapie. Le quatrième pilier est l’éducation et la formation axé sur le cacao. Les défis auxquels la filière fait face sont multidimensionnels.

Que renferme la nutricacaothérapie ?
La Nutricacaothérapie est portée par une nouvelle catégorie de produits à base de cacao. Ce sont notamment les produits de santé et de bien-être, les alicaments ou compléments alimentaires, les produits de soins corporels et d’hygiène et enfin la cérémonie au cacao, rituel de bien-être, axé sur la reconnexion à soi et la détente. À ce jour, nous avons conçu, à part le chocolat et la poudre de cacao, plus de dix produits, parmi lesquels du savon au cacao, du baume de massage, une pommade hydratante antitaches et anti-vergetures, une boisson rafraîchissante, du dentifrice à base de cacao etc. Ces produits ont été présentés lors d’événements majeurs tels que les Journées Nationales du Cacao et du Chocolat (JNCC) et le Salon de l’Agriculture et des Ressources Animales (SARA 2025). Ces innovations permettront assurément de développer de nouvelles industries et créer des emplois pour les jeunes.


Pensez-vous qu’il est opportun de lancer des filières de formation spécialisées en cacaologie ?
Absolument. En effet, les producteurs sont vieillissants avec une moyenne d’âge supérieur à 50 ans, et les jeunes ne sont pas intéressés par ce secteur. La Cacaologie, en tant que science globale du cacao, ouvre la voie à une large diversité de métiers couvrant toute la chaîne de valeur, de la plantation à la consommation, en passant par la transformation, la recherche, l’innovation et la valorisation culturelle. Nous avons conçu de nouveaux métiers pour non seulement rendre la filière compétitive et attrayante mais pour susciter des vocations et offrir des opportunités de carrières à la jeunesse. Ces programmes et cursus de formation innovants vont permettre de former une nouvelle génération d’experts qui comprennent, valorisent et transforment le cacao avec intelligence et fierté et qui sont capables non seulement d’anticiper les problèmes de la filière mais aussi d’apporter des solutions.

Le groupe industriel Cargill, avait annoncé, début septembre l’arrêt de ses activités de broyage en Côte d’Ivoire, évoquant la mauvaise qualité des fèves de cacao. Quel est votre regard sur cette situation ?
Les arguments avancés par Cargill sont essentiellement le fort taux d’impuretés qui constituerait un risque pour ses machines, le taux d’acidité élevé et la faible teneur des fèves matières grasses. Entre les propres intérêts des multinationales de transformation et l’intérêt des producteurs, c’est donc la viabilité et la durabilité de la filière qui est ici en jeu. Cela demande de redoubler d’efforts en matière de recherche de variétés à fort potentiel et d’opérations post-récolte, de contrôle qualité, et trouver les voies et moyen pour le rééquilibrage structurel et géoéconomique de la filière, actuellement caractérisée par des transformateurs qui imposent leur diktat au producteurs. Ces défis font partie des dix problématiques structurelles de la filière cacao, auxquelles la cacaologie veut apporter des solutions concrètes.

Quels sont vos projets dans le sens de la vulgarisation de la cacaologie ?
Le cacao est connu de tous, mais la cacaologie comme science est une discipline nouvelle qui doit être effectivement vulgarisée. Notre rêve, c’est de voir la cacaologie être reconnue et intégrée dans le système scolaire depuis le niveau primaire, jusqu’au niveau universitaire, comme l’Afrique du Sud l’a fait avec œnologie, et nous envisageons la création de programmes à enseigner au collège et au supérieur. C’est pourquoi, nous préparons le lancement du projet CAMPUS ou « Cacaologie en Milieu Professionnel Universitaire et Scolaire », qui vise à installer dans les écoles, universités et dans certaines entreprises et institutions, des clubs de cacaologie, qui vont également servir de cadre d’organisation des ateliers Pratiques de la Cacaologie, notamment dédiés à la cacaochimie, au cacaopreneuriat, à l’éco-cacaologie et à la cacaoéconomie. L’Institut International de la Cacaologie, l’INICA que je dirige travaille avec ses experts sur l’édition du répertoire des compétences-métiers de la cacaologie, et du guide du cacaopreneur et des business de cacao. INICA compte également initier la caravane nationale « Cacao, Nutrition et Santé ».
Bamba Mafoumgbé, Cette adresse courriel est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.
Ph : Dr. Marcellin N’DA dit N’DA Cacao(Chercheur et Inventeur de la Cacaologie : « La cacaologie comme science est une discipline nouvelle qui doit être effectivement vulgarisée. »

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