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vendredi 25 avril 2025
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Interview /Congrès régional ECK2025- Le RESA Béné LAWSON situe les enjeux

lundi, 24 février 2025 12:04 Written by

Le Congrès ECK régional de l’aventure de l’Âme de mars 2025 aura lieu les 7, 8 et 9 mars 2025, au Centre ECK de la Riviera Palmeraie à Abidjan, au siège d’ECKANKAR – Côte d’Ivoire. Ce autour du thème : « Les rêves, source de guidance spirituelle ». Mais avant, le RESA Béné LAWSON situe les enjeux

Journaliste
Bonjour Monsieur Béné LAWSON,
Le congrès ECK régional de l’aventure de l’Âme d’ECKANKAR, c’est pour très bientôt. Quand et où aura lieu cet évènement ?
B.L :
Le congrès ECK régional de l’aventure de l’Âme d’ECKANKAR, se tiendra à Abidjan, les 7, 8 et 9 mars 2025, au Centre ECK de la Riviera Palmeraie, le siège d’ECKANKAR – Côte d’Ivoire. Et ce congrès a pour thème : « Les rêves, source de guidance spirituelle ».

Journaliste :
Avant de nous présenter le thème, dites-nous d’abord ce que vous entendez par aventure de l’Âme ? Que devons-nous comprendre par Congrès ECK de l’aventure de l’Âme ?
B. L. :
Je suis heureux que vous ayez posé ces questions.
Voyons d’abord ce que nous désignons par aventure de l’Âme.
ECKANKAR enseigne en effet que nous sommes Âme, une étincelle divine et que l’Âme existe parce Dieu l’aime. L’Âme est immortelle, elle est éternelle. Elle a vécu de nombreuses vies, elle a connu de grandes victoires et survécu à de multiples tragédies. Elle est éternelle tandis que le corps physique dont elle est revêtue est périssable.
Dieu aime l’Âme que je suis, l’Âme que vous êtes, et nous ne pouvons pas disparaître avec la mort du corps physique. Par ailleurs, chaque Âme est unique et doit faire ses expériences dans les mondes inférieurs avant de retourner dans son foyer d’origine auprès de Dieu et ce, après de nombreuses incarnations dans cette aventure terrestre.
L’aventure de l’Âme représente les expériences que nous vivons sous forme d’épreuves, de joies, de défis et de peines et dont la finalité est de nous purifier, d’apprendre à aimer avant de retourner au Créateur.
Pour réussir cette aventure de l’Âme, ECKANKAR met à la disposition des personnes qui le veulent, un certain nombre de moyens, des écrits, des causeries, des techniques spirituelles, des activités dont les congrès ECK que nous dénommons les congrès ECK de l’aventure de l’Âme.
Journaliste :
Pourquoi avoir choisi de parler des rêves ?
B.L. :
Les rêves sont un outil précieux pour savoir que nous sommes Âme. Pendant notre sommeil nous vivons des expériences de façon consciente ou inconsciente n’est-ce pas ? C’est une preuve de l’existence de l’Âme.
Nous avons choisi de parler des rêves car, les rêves servent de ligne de communication entre les mondes invisibles et les mondes visibles. Ou, si vous préférez, entre le ciel et la terre. Rêver est une activité de l’imagination créatrice qui est un don que vous et moi avons reçu de Dieu. C’est dans la nature de l’Âme immortelle de rêver. Voilà pourquoi les rêves sont si importants, aussi bien dans notre vie de tous les jours que pendant notre sommeil.
Journaliste :
Vous accordez une place importante aux rêves. Dites-nous comment les rêves peuvent-ils être une source de guidance spirituelle ?
B.L. :
Les rêves sont une source de guidance spirituelle car ils peuvent nous laisser entrevoir l’avenir, nous suggérer des moyens de guérison ou encore nous apporter des informations sur nos relations. Par-dessus tout, les rêves peuvent et vont nous guider de manière plus directe vers Dieu.
La personne qui apprend à bien rêver parvient généralement à bien gérer sa vie au quotidien, car ses rêves lui apportent une perception que les autres ne peuvent s’empêcher de remarquer. Comprendre nos rêves peut nous préparer aux surprises de la journée et ainsi nous aider à apprendre à gérer le stress avec plus de grâce, en l’anticipant mieux.
Journalise :
Cela signifie-t-il que ceux qui rêvent bien gèrent mieux leur vie ? ECKANKAR peut-il nous aider à bien rêver ?
B.L. :
Bien sûr que oui !
Comme nous l’avons dit plus haut, le rêve est une activité de l’Âme. Et chacun de nous est Âme. Que nous en soyons conscients ou pas nous rêvons. Pour aider chacun à bien rêver, ECKANKAR met à notre disposition de nombreux outils spirituels dont le HU, le chant d’amour de l’Âme à Dieu.
Le chant du HU vous prépare à reconnaître les messages de Dieu, à recevoir les réponses que le ECK, l’Esprit Saint apporte à vos préoccupations, à vos questionnements.
Les Exercices Spirituels ECK vous donnent confiance en vous-même. Vous apprenez que vous êtes Âme et que vous êtes éternel. Et vous réalisez avec certitude que vous vivrez toujours, que la mort ne peut pas vous détruire.
HU est le fil d’or qui relie l’Âme à Dieu. Plus on chante ce mot sacré, plus la communication entre l’Âme et Dieu devient plus nette. Dès lors, nous pouvons aligner plus facilement nos choix sur la volonté de Dieu. Nos rêves deviennent plus clairs et notre intuition se développe.

La pratique régulière des exercices spirituels ECK comme le chant du HU permet de gagner de l’endurance spirituelle au fil du temps, donnant ainsi à l’Âme que nous sommes l’opportunité de se libérer de nos limitations comme les émotions, la colère, l’impatience, l’avarice, la vanité, l’attachement excessif aux choses matérielles, l’ingratitude.

Journaliste :
On retient que le HU est un outil précieux pour bien rêver. Voulez-vous nous citer d’autres outils et leurs avantages ?
B.L. :
En plus du HU et des exercices spirituels ECK dont la pratique régulière ouvre le cœur à l’amour et peut nous aider à nous souvenir de nos rêves, de mieux les comprendre, il y a aussi le MAHANTA, le Maitre ECK Vivant. Il est à la fois un Maitre extérieur et un enseignant intérieur. Il procure de l’aide spirituelle aux moyens de ses écrits et causeries et il est aussi appelé le Maître des rêves car il nous guide à l’état de rêve. Son rôle primordial consiste à éveiller l’amour et la connaissance de toutes les choses divines qui se trouvent déjà dans notre cœur.
Quant aux autres outils qui vous aideront à tirer le maximum de vos rêves, vous les découvrirez, ainsi que leurs avantages, quand vous viendrez au congrès ECK.
Journaliste :
Lequel des outils pouvez-vous partager maintenant avec nos lecteurs ?
B.L. :
Nous allons partager le HU avec vos lecteurs.
Merci de permettre à vos lecteurs d’apprendre à chanter le HU pour ouvrir leur cœur à l’amour de Dieu.
Pour chanter le HU, vous pouvez avoir les yeux ouverts ou fermés. Vous prenez des respirations profondes pour vous détendre. Par la suite, vous commencez à chanter HU (se prononce hiou) sur l’expiration du souffle en énonçant : HIOUOUOUOU. Vous respirez profondément encore et recommencez à chanter HIOUOUOUOUOU. Vous pouvez le faire pendant quelques minutes. Vous pouvez poursuivre votre chant du HU pendant une dizaine de minutes et le terminer en déclarant « que les bénédictions soient !».
Journaliste :
Quel est le contenu du programme de ce congrès ECK de l’aventure de l’Âme ?
B.L. :
Le congrès ECK de l’aventure de l’Âme est un rassemblement hautement spirituel. C’est l’une des activités majeures d’ECKANKAR. Elle se déroule sur trois jours, et regroupe des étudiants d’ECKANKAR, leurs invités, des visiteurs, des amis. Des étudiants ECK de la sous-région se joindront à nous. Au programme, il y aura des tables rondes, des ateliers, des conférences, des panels, un office ECK de la Lumière et du Son qui est le culte d’ECKANKAR, etc. Les congrès d’ECKANKAR ont un conférencier principal qui est le représentant de Sri Harold Klemp, le MAHANTA, le Maitre ECK Vivant, le chef spirituel d’ECKANKAR. Cette année nous aurons deux conférenciers principaux qui sont Enyonam et Frank Ofei, les co-RESAs d’ECKANKAR au Ghana. Ils animeront un atelier pour le public le jeudi 6 mars 2025, interviendront dans les programmes des visiteurs et de la jeunesse et clôtureront chaque journée par une causerie.
Un programme particulier sera offert aux visiteurs et les jeunes de 05 à 17 ans bénéficieront d’un programme spécifique selon leurs tranches d’âge.

Journaliste :
Alors, que gagne-t-on à assister à un tel événement ?
B.L. :
Ce congrès permettra aux participants d’expérimenter la Lumière et le Son qui sont l’amour de Dieu et de partager leur compréhension de Dieu. Ils recevront des outils spirituels qui les aideront à découvrir leur nature divine, à mieux comprendre leur vie, à découvrir le pouvoir de la gratitude, à renforcer leur capacité de survie, à abandonner certaines attitudes négatives, à avoir des prises de conscience, des réalisations, et aussi à se faire de nouvelles connaissances et retrouver de vieux amis, entre autres. Mais par-dessus tout, ils apprendront à mieux gérer leur vie grâce aux rêves.

Journaliste :
Avez-vous un mot de fin ?
B.L. :
Je voudrais vous remercier, du fond du cœur, pour vos questions pertinentes. Comme mot de fin, je voudrais inviter vos lecteurs au congrès ECK régional de l’aventure de l’Âme dont le thème est : « Les rêves, source de guidance spirituelle », organisé par ECKANKAR, la voie de la liberté spirituelle, les 7, 8 et 9 mars 2025, au Centre ECK de la Riviera Palmeraie situé près du dispensaire urbain de Génie 2000.
Les enseignements ECK transcendent les barrières de nationalités, d’ethnies, de cultures, d’appartenances religieuses et d’âge. Ils sont ouverts à tous. Vous êtes, par conséquent, les bienvenus au congrès ECK régional de l’aventure de l’Âme.
Réalisée par B. M avec Sercom

 

 

 

 

Affaire Bessikoi, sécurisation foncière, ADU, accusations contre le Mclu - Bruno Koné sans détour : « Nous n'en avons pas fini avec les litiges dans cette zone que nous surveillons de très près »

jeudi, 20 février 2025 18:58 Written by


Sa position sur ce litige foncier. Ce qu’il recommande désormais pour acquérir un terrain Depuis l’indépendance de la Côte d’Ivoire un problème majeur, notamment celui du foncier subsiste avec son corollaire de conflit. Le gouvernement dans sa volonté de mettre fin à ce désordre, vient de reformer le secteur du foncier avec l’Attestation de Droit d’usage (Adu) pour sécuriser les transactions foncières afin d'éviter les doubles, voire triples attributions sur les parcelles.
Malheureusement, le lourd passif de litige foncier antérieur à l'entrée en vigueur de l'ADU le 1er janvier 2025, continue de faire des vagues au grand désarroi des populations. Au détour d'un entretien avec le Ministre Bruno Nabagné KONÉ qui a bien voulu nous accorder en exclusivité son commentaire face à ce litige foncier qui cristallise depuis quelques jours l'actualité en Côte d’Ivoire, le premier responsable du foncier revient sur cette affaire appelée « conflit foncier à Bessikoi » qui défraie la chronique.
Monsieur le ministre, vos services ont certes reçu les différentes parties. Mais un dicton populaire dit que l'eau qui sort de la bouche du poisson est la plus fraîche. En tant que premier responsable de ce département, qu'est-ce qu'il en est exactement, et quelle suite donnez-vous à cette affaire ?
En réalité, il n'y a pas de problème nouveau. Des personnes se sont exprimées sur les réseaux sociaux sur ce sujet ancien qui relève de nos missions, et cela a suscité de l’émotion. Ce n'est malheureusement pas la première fois que cela se produit. Ces problèmes de gestion du foncier dans cette zone de Djorogobité sont connus de longue date, et nous faisons de notre mieux pour y remédier aux plans technique et juridique. La forte médiatisation de ce litige a néanmoins l’avantage de mettre la lumière sur la complexité et sur la sensibilité de la question foncière ainsi que sur certaines pratiques qui ont cours dans le secteur, et qui compliquent fortement notre tâche. Sans vouloir renforcer le sentiment d'inquiétude, je tiens à dire que nous n'en avons pas fini avec les litiges dans cette zone que nous surveillons de très près. Plus généralement, nous avons hérité d’un passé lourd d’anomalies, de fautes, de décisions contradictoires, etc., principalement liées à la gestion manuelle qui a longtemps prévalu. Nous allégeons au fur et à mesure le poids de ce passé mais malgré l’important travail abattu, nous nous attendons à la résurgence d’autres conflits par ci et par là, qui pourraient donner la vilaine impression que les choses n’avancent pas.
Pour quelques raisons principalement ?
La première raison, qui est d'ordre général, concerne pratiquement tout le pays, particulièrement les grandes villes et le grand Abidjan. Il s'agit des multiples attributions sur une même parcelle. Ce phénomène, que nous déplorons, que nous combattons de toutes nos forces, est à la base d’une grande partie des litiges fonciers recensés. Il est lié à la faible sécurité de l’Attestation villageoise, qui est le premier document dont se sert l’acquéreur d’une parcelle pour solliciter un acte de propriété. Chaque village a son modèle, son texte, ses modalités de signature, etc. Chaque village imprime ses attestations, qui sont remises aux acquéreurs contre rétribution. Des faussaires et peut-être aussi des personnes qui disposent de pouvoirs d’attribution des parcelles, ont compris les faiblesses du système et en ont profité, au détriment de nombreux acquéreurs de bonne foi. C’est d’ailleurs ce qui nous a conduits à la décision de mettre en place depuis janvier 2025, une réponse solide, avec l'introduction de l’Attestation de Droit d’usage coutumier (Adu), en remplacement de l’attestation villageoise. Nous nous efforçons de résoudre ce problème au plan général, mais notons qu’il est particulièrement exacerbé dans cette zone, peut-être aussi en raison de son histoire foncière. Cette histoire, c’est que Djorogobité était à l'origine un campement d'Abobo Baoulé. En 2005, des lotissements dont celui dit « Bessikoi », ont été approuvés et réalisés dans cette zone, qui faisait alors partie d'Abobo Baoulé. Suite à des dissensions, le village de Djorogobité a demandé son indépendance et a obtenu, par voie judiciaire, son détachement d'Abobo Baoulé en 2015. Cependant, entre 2005 et 2015, de nombreuses transactions foncières avaient déjà eu lieu là-bas. Nous notons que les guides de répartition des lots, qui retraçaient l’historique des transactions foncières ont été ignorés ou carrément trafiqués par les personnes qui en avaient la charge, ce qui a conduit à des cessions multiples sur un grand nombre de parcelles. L’administration en charge du foncier s’est, quant à elle, tenue aux informations à sa disposition, ce qui crée forcément des mécontentements, surtout chez les acquéreurs de bonne foi. Cette situation illustre bien la complexité de la gestion foncière dans notre pays. La délivrance de l'attestation villageoise, document central, n'est pas contrôlée par l'État. Les institutions que nous représentons, responsables de la gestion foncière, n'interviennent pas à ce stade initial. C'est la communauté villageoise qui produit et signe l'attestation, la vend à qui elle veut, perçoit le paiement correspondant. Ce n'est qu'après la cession conclue avec la communauté villageoise ou les détenteurs de droit coutumiers, que l'acquéreur se présente aux guichets du ministère de la Construction, avec l’attestation reçue de ces derniers. Et c’est seulement à ce moment-là, qu'il est informé de l'état domanial réel de la parcelle convoitée. Et dans certains cas, cette parcelle a déjà fait l’objet d’attribution à quelqu’un d’autre, souvent plusieurs années avant. C'est pourquoi, nous avons entièrement repensé cette procédure avec l’institution de l'ADU, pour impliquer l'État plus en amont. Cela permettra d'assurer un suivi plus efficace, sans retirer de prérogatives aux chefs de village, qui pourront céder à qui ils veulent et à leurs conditions.
L’objectif avec l’ADU, est d’éviter toute possibilité de créer plus d’une Attestation sur une même parcelle, d’éviter tout risque d’attribution multiple.
Qui a vendu et qui n'a pas vendu ?
Comme je l'ai mentionné, nous sommes très prudents sur cette question, pour ne pas en rajouter à l’émotion. Nous pourrions inonder la presse avec les documents en notre possession, avec les preuves de ventes et reventes de parcelles par certaines chefferies, mais nous ne le faisons pas par respect pour ces dernières, qui sont des auxiliaires de l’Etat, dans la gestion foncière en particulier. D’ailleurs, la plupart de ces conflits et litiges remontent bien avant mon arrivée à ce poste, mais l’administration étant une continuité, nous y consacrons le temps et les efforts nécessaires. Aujourd’hui encore, au moins un tiers de mon temps et de celui de mes collaborateurs est occupé à régler les problèmes du passé, à traiter l’héritage de la gestion chaotique du foncier que notre pays a connu à certains moments de son histoire. Quand les problèmes sont réglés, bien sûr, personne n’en parle…Monsieur le ministre, dans l'affaire de Bessikoi, dans un communiqué produit par vos services, vous ramenez quasiment les deux parties dos à dos...Notre administration assume ses actes. Nous affirmons en effet dans ce cas précis, que nos procédures ont été entièrement respectées, de même que les décisions judiciaires qui s'imposaient à nous. C'est donc en toute légitimité et légalité que des actes ont été signés et délivrés. Cependant, au vu de la polémique sur les réseaux sociaux, nous avons demandé à chacune des parties de mettre à notre disposition toute la documentation en sa possession, que nous avons analysée minutieusement, en lien avec nos propres archives. Nous avons notre propre compréhension de la situation mais préférons recommander la voie judiciaire à la partie qui ne serait pas satisfaite de la décision administrative prise, pour un règlement indépendant et définitif de ce différend. Ce litige médiatisé nous permet de communiquer sur la nécessité d’impliquer les structures étatiques, en particulier le ministère en charge du foncier, dès le début du processus de cession d’une parcelle, afin d'éviter qu'une même parcelle ne fasse l’objet de cessions multiples et qu’à la fin du processus, un seul acquéreur soit le propriétaire de la parcelle. Nous ne faisons pas un choix entre les candidats, nous ne faisons qu’appliquer strictement les procédures en la matière. Mais, je le répète, une parcelle ne devrait faire l'objet que d'une seule vente. Si nous parvenons à comprendre et à faire appliquer cela en Côte d'Ivoire, nous pourrions réduire le nombre de litiges d’au-moins 50 % et il y aura moins de grincements de dents. Vous savez, pour certaines attributions faites d’un ACD, nous avons entre 3 et 5 personnes mécontentes, qui convoitaient la même parcelle ou plus grave, qui ont déjà payé de l’argent aux communautés villageoises ou aux détenteurs de droit coutumiers. C’est normal qu’elles laissent éclater leur colère, mais le fautif ici, n’est pas le Ministère, qui est traité de tous les noms d’oiseaux. Le fautif, c’est celui ou ceux qui lui ont vendu la parcelle et qui ont fait de même avec d’autres personnes. Ceux-là devraient au minimum être poursuivis pour le remboursement des sommes qu’ils ont indument perçues.
Au-delà de l’ADU, quelles sont les autres réformes conduites par votre ministère pour sécuriser la gestion foncière dans notre pays ?
Nous avons toujours été très préoccupés par le grand nombre de litiges, les complaintes de nos concitoyens, les faiblesses de façon générale, du titre de propriété qu’est l’ACD, etc. et avons donc longuement réfléchi et travaillé pour améliorer la situation. Je peux assurer que nous avons beaucoup évolué au cours des dernières années. Nous avons sensiblement amélioré et sécurisé les procédures de la chaine foncière à travers une batterie de réformes. On peut mentionner l'instauration de l'identifiant unique du foncier en Côte d'Ivoire (IDUFCI), qui permet d’affecter un numéro d’identifiant unique à toutes les parcelles foncières en Côte d’Ivoire. Cet identifiant est partagé par tous les acteurs qui agissent sur la matière foncière (ministère de l’Agriculture, Eaux et forêts, Environnement, Administration civile, etc.). Nous avons instauré un référentiel géodésique unique, qui permet à tous les acteurs de terrain, aux géomètres en particulier, d’utiliser des instruments et des méthodes de mesures identiques. Nous avons engagé un vaste projet de délimitation des territoires des 193 villages du grand Abidjan. Les mesures que je viens de citer permettent déjà d’éviter les chevauchements et certaines attributions multiples de parcelles et les conséquences qui en découlaient, dont de nombreux litiges fonciers entre communautés voisines. Je mentionnerai également les modifications apportées aux processus d'élaboration, d'approbation et d'application des plans de lotissement, qui vont permettre d’avoir une occupation plus rationnelle de l’espace urbain et de disposer d’un cadre de vie plus harmonieux, plus agréable et plus efficient. Nous avons introduit le titrement massif, qui permet l'immatriculation des parcelles, dès l’approbation d’un lotissement, ce qui permet par exemple, de se passer de l’étape du bornage contradictoire, qui est jusqu’à maintenant très chronophage. Avec le SIGFU (Système Intégré de Gestion du Foncier Urbain) nous avons numérisé toute la gestion foncière, des archives jusqu’à la signature électronique de l’ACD, ce qui contribue fortement à la sécurisation des actes délivrés. L'ADU, dont j’ai parlé plus haut, constitue le dernier maillon de cette chaîne de sécurisation foncière. Enfin au niveau des ressources humaines, nous avons là aussi pris des mesures fortes ; J’en suis aujourd’hui, en 6 ans, à mon 4ème Directeur de Cabinet, et aucune de ces personnes n’était un proche avant que je n’accède à cette fonction. Au niveau de la chaine foncière, nous avons remplacé en 2020 le Directeur du Domaine Urbain par un cadre venant du Cadastre, le Directeur de l’Urbanisme a été remplacé en 2020 par un cadre venant du BNETD, le Directeur de la Topographie et de la Cartographie a lui aussi été remplacé, et en dessous d’eux, de nombreux changements ont été opérés. J’ai créé un poste de Conseiller chargé des Opérations, de la Qualité et de la Performance, pour mieux répondre aux attentes des usagers de nos services, etc. Au surplus, la numérisation permet de réduire l’intervention humaine et avec la traçabilité qu’elle permet, d’avoir un meilleur contrôle sur les tâches effectuées et les travaux réalisés. L'objectif ultime de toutes ces réformes est d'accroître la production de l'ACD, de faciliter les démarches pour les demandeurs, et surtout de délivrer des actes totalement sûrs. Cela ramènera la sérénité chez nos concitoyens, renforcera la force économique de l’ACD à travers notamment le crédit hypothécaire, facilitera l’investissement dans le domaine immobilier, etc. Ce que beaucoup ignorent sans doute, c’est que des investissements importants sont bloqués ou retardés à cause des problèmes fonciers. Des investisseurs sont malheureusement confrontés à d’innombrables obstacles liés à la gestion foncière. Même les projets de logements sociaux souffrent de l'insécurité foncière. Des promoteurs se heurtent quotidiennement à des conflits fonciers interminables, à des interruptions de chantiers liées à des contestations locales, etc. Nous devons tous prendre conscience de la gravité de la situation et encourager les réformes menées, qui vont permettre au foncier et à l’immobilier de jouer toute leur part dans la marche en avant de notre pays.
Vous avez prolongé l'Adu pour trois mois, notamment en mars et c’est pour bientôt. Qu'est-ce qui va se passer après cette date ?
L'ADU est bel et bien en vigueur depuis le 1er janvier 2025 pour tous les nouveaux lotissements en Côte d'Ivoire. Sa mise en œuvre n'a donc nullement été prorogée. Tout nouveau lotissement à approuver depuis cette date doit suivre la procédure issue d'un décret de 2021 qui a réformé l'approbation des lotissements en Côte d'Ivoire (NDLR ; le décret n°2021-784 du 08 décembre 2021).Nous travaillons à la sécurisation des actes du foncier depuis 2021 et je peux assurer que le processus qui a mené à la mise en place de l’ADU a été longuement et murement réfléchi. Un projet pilote, qui a duré un an et demi, a été conduit dans un lotissement de Songon, nommé Adiapoto 1. Ce projet s'est bien déroulé et toutes les parties concernées ont eu à donner leurs avis et leurs inputs, qui ont permis de finaliser cette réforme avant la décision de sa généralisation. Nous en tant que citoyens, nous payons un lourd tribut des agissements des acteurs du foncier urbain.
Le gouvernement ne doit-il pas être plus ferme ?
C’est dans ce sens que nous allons, sans revenir sur les évolutions consenties par le gouvernement au cours des dernières années. C'est ce qui se passe avec l'ADU, qui améliorera très fortement la situation, sans revenir à la Lettre d’Attribution, qui avait cours avant juillet 2013. Ici, je l’ai déjà dit, nous ne retirons aucune prérogative aux chefs, qui sont les seuls acteurs dont la signature reste obligatoire sur l'ADU. Nous entendons quelques critiques en fond sonore, mais continuons d’attendre que des arguments convaincants et solides nous soient donnés pour expliquer ou justifier la non mise en œuvre immédiate de l’ADU. Nous avons rencontré à plusieurs reprises les chefferies qui montraient au début des réticentes face à l’ADU et je peux assurer que nous nous sommes rapidement compris. Les doléances de ces chefferies, en réalité, sont au niveau du lien entre l’Etat, les communautés autochtones et les terres sur lesquelles ces dernières ont aujourd’hui un droit d’usage. Ce niveau de lecture relève de la Constitution de notre pays et n’a rien n’a voir avec la sécurisation des actes liés à la gestion foncière urbaine. En réalité, pour celui qui est de bonne foi, il n’y a pas d’argument pour contester le fait que l’Etat et les ivoiriens dans leur très grande majorité, demandent qu’une parcelle de terrain ne fasse pas l’objet de plus d’une attribution. C’est la seule vocation de l’ADU.
Pour terminer avez un appel à lancer ?
Je voudrais remercier nos concitoyens pour la grande patience dont ils font montre face aux nombreuses difficultés dans la gestion urbaine et plus particulièrement dans la gestion du foncier. La situation était grave, mais elle s’améliore tous les jours. En 2024, 34.700 ACD ont été délivrés sur l’ensemble du territoire. Je pense que seulement quelques dizaines de cas pourront éventuellement faire l’objet de contestation ou de décision judiciaire contraire. Ces quelques cas, souvent fortement médiatisés ne doivent pas remettre en cause le travail immense abattu quotidiennement par l’ensemble des acteurs de la chaine foncière. Notre ambition est de remettre de l’ordre dans ce secteur, de rendre banale une acquisition foncière ou immobilière, faciliter l’investissement dans ces secteurs importants pour le développement économique de notre pays. Les faits d’actualité que nous avons évoqués au début de cet entretien démontrent qu’il nous faut, au plan de la gestion foncière dans notre pays, définitivement tourner les pages des incertitudes, des peurs et des pleurs, des faussaires, des multiples attributions, de l’encombrement de nos tribunaux, etc. Pour cela, il nous faut appliquer sans complaisance les réformes engagées par le gouvernement et le Ministère en charge de la construction. J’en profite pour rappeler quelques conseils utiles pour nos populations ; -évitons de faire une acquisition foncière dans un lotissement non approuvé ; -évitons désormais toute acquisition avec une attestation villageoise, avant d’avoir obtenu au préalable un état domanial de la parcelle auprès des services du Ministère de la Construction. Cette demande, qui ne coûte que 5000 francs peut vous éviter de perdre des millions de francs et de vous embourber dans des litiges ; -pour tous les lotissements approuvés après le 1er janvier 2025, exigeons une ADU pour l’acquisition d’une parcelle ; -pour ceux ayant déjà acquis des parcelles villageoises dans des lotissements non approuvés, nous les invitons à se faire recenser auprès de nos services et à engager, avec les chefferies, les lotisseurs concernés ou en groupes d’intérêt, une procédure de régularisation du lotissement. Nos services se tiennent à leur disposition pour cela ; -enfin, pour ce qui est des lotissements en sursis ou en litige, nous demandons aux acquéreurs d’attendre la levée du sursis ou la résolution définitive du litige pour engager leur demande d’acte de propriété, qui suivra la procédure de l’ADU. Merci à vous pour cette lucarne que vous nous avez offerte.
Source : DIRCOM MCLU
Légende photo : Koné Bruno Nabagné, ministre de la Construction du logement et de l’urbanisme : « Nous devons tous prendre conscience de la gravité de la situation(…) »

Intégration régionale et avenir de la CEDEAO- Le diagnostic sans complaisance du professeur PRAO Yao Séraphin

lundi, 13 janvier 2025 10:11 Written by


Le 66e sommet ordinaire de l’organisation régionale, qui s’est tenu le 15 décembre à Abuja (Nigeria), a acté le divorce de l’Alliance des Etats du Sahel (AES) composée du Burkina Faso, du Mali et du Niger, fondée en septembre 2023, avec la CEDEAO. Théoriquement, ces trois pays cesseront officiellement d’être membres de la CEDEAO à partir du 29 janvier 2025. Il revient à la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) de mettre en place une période de transition du 29 janvier au 29 juillet 2025. Ces six mois sont censés donner aux pays de l’AES le temps de régler les modalités de leur départ. Face à cette situation, le président de LDCI, le professeur PRAO YAO SERAPHIN, répond aux questions de connnectionivoirienne.net.

Question 1 : Pouvez-vous nous donner les raisons de la création de la CEDEAO ?
Réponse : En 1975, les pays membres avaient de bonnes idées et de beaux objectifs
La CEDEAO a été créée par les Chefs d’État et de Gouvernement de quinze pays d’Afrique de l’Ouest, lors de la signature le 28 mai 1975 à Lagos, au Nigeria, du Traité de la CEDEAO. Le Traité de Lagos a été signé par les Chefs d’État et de Gouvernement du Bénin, du Burkina Faso, de la Côte d’Ivoire, de la Gambie, du Ghana, de la Guinée, de la Guinée-Bissau, du Liberia, du Mali, de la Mauritanie, du Niger, du Nigeria, de la Sierra Leone, du Sénégal et du Togo, avec pour mission déclarée de promouvoir l’intégration économique dans la région. Son but est de promouvoir la coopération et l'intégration avec l'objectif de créer une union économique et monétaire ouest-africaine. Concrètement, la Communauté a pour objectif de promouvoir la coopération et l’intégration dans la perspective d’une union économique de l’Afrique de l’Ouest, en vue d’élever le niveau de vie de ses peuples, de maintenir et d’accroitre la stabilité économique, de renforcer les relations entre les États membres et de contribuer au progrès et au développement du continent africain. En 1990, son pouvoir est étendu au maintien de la stabilité régionale avec la création de l'Economic Community of West African States Cease-fire Monitoring Group, groupe militaire d'intervention qui devient permanent en 1999. En 2024, la CEDEAO compte 15 États membres. En 2020, le produit intérieur brut global des États membres de la CEDEAO s'élève à 686 milliards de dollars américains.
Bien qu'au départ son rôle soit purement économique, la CEDEAO s'est assez vite intéressée au maintien de la paix. C'est en effet une condition essentielle pour qu'une union puisse se réaliser. Par ailleurs, la CEDEAO crée des infrastructures régionales en matière de transports et de télécommunications.

Question 2 : Selon vous, quels sont les retombées positives de la CEDEAO et les défis ?
Réponse : À l’origine, la création de la CEDEAO devait engendrer des retombées positives aux pays membres
Quarante-neuf ans plus tard, le bloc régional peut se targuer de succès significatifs en matière d'intégration, de paix et de sécurité et de bonne gouvernance, mais il doit également faire face à certains défis.
Au niveau des retombées positives, concernant l'intégration économique, il y a la libre circulation des personnes, mais aussi de la création d'un marché commun pour la région. Il s'agit d'aider les pays à développer leurs infrastructures - énergie, connectivité internet et construction de réseaux routiers dans toute la région. Tout cela est en cours. Cependant, tirant les leçons des tristes événements des années 1990 caractérisés par des guerres civiles et l'implosion d'États, la CEDEAO n'a eu d'autre choix que de s'orienter vers les questions de sécurité et de bonne gouvernance.
Aujourd'hui, les valeurs de la démocratie et des droits de l'homme sont profondément ancrées dans la culture ouest-africaine, et la CEDEAO fait partie intégrante de ce processus. L'Afrique de l'Ouest est la seule région d'Afrique qui ne connaît pas de conflit ouvert de haute intensité, malgré les activités des groupes extrémistes violents.
Au niveau des défis, au niveau de la CEDEAO, le commerce intra-communautaire reste toujours faible et son poids dans le commerce mondial se situe autour de 0,3%. Il s’y ajoute que le commerce intra-communautaire qui est estimé à hauteur de 10% du total des échanges de la région, est également faible en comparaison à d’autres blocs régionaux. L’analyse du commerce intra-africain par bloc régional au cours des cinq dernières années, classe la CEDEAO en 4e position (9,4%), derrière la Communauté d’Afrique de l’Est (CAE) (21,3%), la Communauté de Développement d’Afrique Australe(SADC) (20,8%), et le Marché Commun de l’Afrique orientale et Australe (COMESA) (10,4%).Il est à noter qu’en matière d’exportations sur la période 2015-2019, les locomotives au niveau régional sont le Nigéria, la Côte d’Ivoire et le Sénégal qui, en moyenne, fournissent respectivement 29,4%, 23,2% et 18,2% des exportations totales intracommunautaire. La faible performance de l’Afrique de l’Ouest en commerce intra régional met en évidence l’absence d’industrie à fort potentiel économique ce qui se traduit par une faiblesse des revenus. L’explication de cette faible performance peut être liée aux coûts commerciaux élevés, manque de spécialisation et un commerce basé sur les matières premières et donc à faible valeur ajoutée.
Le projet de la monnaie unique est au point mort. En effet, le Traité de Lagos, instituant la CEDEAO, avait pour but de dépasser les innombrables clivages, économiques, politiques, monétaires et linguistiques, pour déboucher sur une intensification de la coopération et des échanges. Pour ce faire, la « balkanisation monétaire » devrait prendre fin avec la création d’une monnaie commune. Mais l'Eco, la monnaie unique que devaient adopter ses membres en 2020, est au point mort.
Question 3 : Selon vous, quelles sont les causes de fracture politique au sein de la CEDEAO ?
Réponse : Il existe plusieurs causes à ce déchirement politique au sein de la CEDEAO.
La première cause est le manque de solidarité envers des pays en guerre. N’oublions pas que la CEDEAO est une organisation de solidarité. Et pourtant depuis 10 ans, les pays du sahel font face à des attaques terroristes sans précèdent. Ces pays s’attendaient à une solidarité militaire pour mettre hors d’état de nuire ses bandits de grands chemins. Bien au contraire, les autres pays n’ont pas eu l’intelligence nécessaire pour aller secourir les pays frères. Or, l’organisation s'implique en revanche directement dans les différends politiques, se dotant en 1993 d'un nouveau statut lui assignant formellement une responsabilité dans la prévention et le règlement des conflits régionaux. En juin 2004, les chefs d'état-major ouest-africains approuvent la création d'une force de 6.500 hommes, dont un contingent d'intervention rapide de 1.500 soldats en cas de troubles. En novembre 2005, un programme de formation de cinq ans est adopté pour permettre des opérations de maintien de la paix. Pour rappel, la CEDEAO a joué un rôle politique de premier plan lors des guerres civiles au Liberia et en Sierra Leone, en mettant sur pied en 1990 l'Ecomog (force ouest-africaine de paix), une force de plusieurs milliers d'hommes. Elle a notamment réussi à ramener la paix au Liberia en 1997. Elle est également intervenue en Guinée-Bissau lors de la rébellion armée de 1998-99 et après le coup d’État de 2012, en Côte d'Ivoire en 2003 après le déclenchement d'une rébellion, au Mali en 2013 pour aider Bamako à reprendre le contrôle du Nord tombé aux mains des djihadistes, ou encore en Gambie en 2017 quand le président sortant Yahya Jammeh, battu aux élections, refusait de quitter le pouvoir.
La deuxième cause est le chapelet de sanctions présenté à des pays déjà éprouvés. On se souvient de la série de sanctions économiques contre le Mali, à la suite de l’annonce par les autorités de la prolongation de la période de transition jusqu’à cinq ans. Reprochant aux autorités de transition de ne pas avoir tenu leurs engagements quant à l’organisation d’élections, la CEDEAO a décrété la fermeture des frontières du Mali avec ses États membres ainsi qu’un embargo économique et financier. La Banque centrale des États de l'Afrique de l'Ouest (BCEAO) a également suspendu ses aides financières au Mali et gelé ses avoirs, réduisant drastiquement les capacités d’investissement de l’État. À l’évidence, les sanctions visaient à isoler le Mali sur la scène internationale, à fragiliser son économie, et à créer ainsi les conditions d’une pression interne des Maliens sur leurs dirigeants, en plus de celle exercée par les principaux partenaires diplomatiques du pays. Ce schéma a été appliqué également au Burkina-Faso et au Niger.
La troisième cause est l’ingérence des pays occidentaux dans la conduite de la politique de la CEDEAO. De façon particulière, la France s’ingère dans les affaires de la CEDEAO pour soutenir les présidents imposés par paris. A la suite du coup d’État militaire au Niger qui a vu le général Abdourahamane Tiani renverser et séquestrer le président Mohamed Bazoum, la France a affirmé son plein soutien à la décision de la CEDEAO d’actionner une force militaire en attente aux frontières du Niger. Et pourtant, le Niger n’est pas un département français. Or, la France avait de quoi à se retenir vu qu’elle était au cœur de la crise nigérienne, à la suite d’une décennie d’engagement militaire au Sahel pour combattre la montée du djihadisme. Les coups d’État de 2020 au Mali et de 2022 au Burkina Faso ont largement témoigné de l’échec français à atteindre les objectifs militaires de l’opération « Barkhane », suscitant la colère des populations locales — à tel point que le président français Emmanuel Macron a annoncé la fin progressive de l’opération en novembre 2022. Dans les faits, la CEDEAO ressemble à un syndicat de présidents de la sous-région, imposés par la France, à la tête des pays membres. Ceux qui ne sont pas serviles et pantins ne sont pas les bienvenus.
La quatrième cause est la politique à géométrie variable de la CEDEAO en fonction des affinités avec les régimes en place. Dans sa « folie » de ne pas quitter le pouvoir, l’ancien président sénégalais Macky Sall a eu le soutien implicite de ses homologues. Il a fallu la détermination du peuple éclairé du Sénégal pour faire plier le « protégé de la France ».
La cinquième cause est le manque de discernement sur les causes des coups d’État dans la sous-région. En réalité, les coups d’État sont le produit naturel d’un certain nombre de facteurs qui passent à la trappe de l’intelligence des gouvernants de la CEDEAO. En effet, la mauvaise gouvernance des gouvernants, le népotisme de ceux qui nous gouvernent, le clanisme de nos présidents, l’enrichissement illicite des présidents africains, la dictature de nos dirigeants, sont, entre-autres, les causes des coups d’État en Afrique. Or, la CEDEAO ne dit rien sur les errements de nos présidents lorsqu’ils sont aux affaires, drogués par l’orgasme du pouvoir.
Question 4 : Quel est le poids économique des pays de l’AES ?
Réponse : Les pays de l’AES sont des économies à prendre au sérieux
Selon le FMI, les pays de l’AES devraient peser 62,3 milliards de dollars américains de PIB cumulé en 2024. Ces trois pays qui représentent 17,4% des 425 millions d’habitants de l’espace CEDEAO et un PIB cumulé d’environ 10%. Selon les données démographiques de 2022, au niveau de l’UEMOA, leurs ressortissants sont estimés à 50,7% de l’Union. En termes de production de richesses économiques, les pays de l’AES, le Burkina Faso, le Mali et le Niger, par rapport à l’ensemble des Etats de UEMOA, pèsent 28,4%. Ces trois pays couvrent une aire géographique de 2,70 millions de km², sur une superficie totale de 5,11 millions de km², soit 52,84% de la superficie de la région. Ces pays peuvent créer une zone monétaire optimale car leurs économies sont relativement homogènes en termes de PIB par habitant ou de structures économiques. Ils ont en commun une croissance démographique très rapide, un certain enclavement, l’importance de l’agriculture céréalière, et de l’élevage, mais aussi de la production minière, notamment aurifère. À celles-ci s’ajoutent pour le Burkina et le Mali le coton, et pour le Niger l’uranium et le pétrole. Enfin, pour ces trois pays, les revenus issus des migrations vers les pays côtiers jouent un rôle très important. L’AES est donc plus proche de constituer une zone monétaire optimale que la CEDEAO, beaucoup plus hétérogène. En outre, ces pays ont montré une certaine résilience économique. En effet, dans le dernier rapport de l’indice Synthétique d’Émergence Économique (ISEME) sur les pays émergents d’Afrique, les trois nations membres de l’Alliance des États du Sahel (AES) ont été surprises par leur positionnement. Malgré les défis liés au terrorisme et aux crises économiques provoquées par les coups d’État successifs, le Mali, le Burkina Faso et le Niger font preuve d’une certaine résilience. D’après les données de l’Indice ISEME, le Mali, le Burkina Faso et le Niger ne figurent pas dans la zone rouge du classement des pays émergents d’Afrique. Ces trois pays bénéficient respectivement des scores suivants : 0,341, 0,331 et 0,359, des résultats proches de la moyenne africaine qui s’est établie à 0,428. Dans ce classement des pays émergents d’Afrique, le Niger se positionne en tête des pays de l’AES avec un score de 0,359.
Les pays de l’AES rivalisent même avec de grandes économies africaines dans la catégorie des « Pays potentiellement émergents « où l’on retrouve des nations comme la Côte d’Ivoire, le Sénégal, l’Algérie, le Ghana et le Nigeria. Ces performances démontrent que, bien que préviennent comme en déclin, le Mali, le Burkina Faso et le Niger maintiennent des bases économiques solides, laissant entrevoir des perspectives encourageantes.
Dans une note d’avril 2024, le Fonds Monétaire International (FMI) a confirmé la résilience de l’économie malienne malgré les nombreuses épreuves. « Nous estimons que l’économie du Mali a progressé de 4,4 % en 2023, affichant une capacité d’adaptation remarquable face aux multiples chocs des dernières années », ont indiqué les experts.
Même résilience au Niger, où les perspectives économiques restent solides. Selon le FMI, la croissance devrait atteindre 8,8 % en 2024, à portée des exportations de pétrole, d’une campagne agricole favorable et de la levée des sanctions économiques. Pour 2025, une dynamique similaire est attendue, avec une croissance estimée à 7,9 %, tandis que l’inflation devrait se stabiliser à 3,7 %. Tous ces chiffres optimistes concourent à un meilleur classement des pays de l’AES dans les différents classements macro-économiques.

Question 5 : Mais dans cette séparation, les pays de l’AES ne vont-ils pas perdre économiquement ?
Réponse : mon intime conviction est que tout le monde va perdre
Si les pays de l’AES sortent de la CEDEAO, tous les pays de la CEDEAO vont perdre, pas seulement ces trois pays.
Les potentielles pertes des pays de l’AES
Leur départ entraînera, en outre, une réduction de la taille du marché de la CEDEAO. La superficie des pays de l’AES est estimée à 2,78 millions de Km2 sur 5,12 millions de Km2 que compte la CEDEAO, soit près de 54% de l’espace communautaire.
Le Burkina Faso, le Mali et le Niger, représentent en termes de relations économiques 21,3% du commerce au sein de l’espace CEDEAO. Au niveau du commerce intra régional, les importations de ces trois pays pèsent pour 41,3% alors que leurs exportations ne représentent que 9,7%. Ces données montrent que les pays de l’AES « vendent très peu aux autres pays », mais importent beaucoup des autres États de l’espace CEDEAO. Par ailleurs, au niveau des échanges intra-communautaires dans l’espace UEMOA, ils importent globalement des autres pays pour près de 69,8%. Ces trois pays vendent à hauteur de 18,1% dans l’espace l’UEMOA, d’où « ils sont fortement dépendants des autres pays de l’Union ». Leurs principaux fournisseurs sont la Côte d’Ivoire, le Ghana, le Nigeria et le Sénégal. Si donc les autres pays appliquent un protectionnisme alors, leurs importations coûteront plus chères, ce qui peut accentuer la vie chère dans ces pays.
Une autre conséquence de cette possible sortie concerne les transferts réalisés par les migrants. Le traité de l’UEMOA garantit la liberté de circulation, d’installation et d’accès à l’emploi des personnes. Le retrait des pays de l’AES priverait leurs ressortissants de cet avantage. Or les transferts des migrants sont une ressource essentielle pour les trois pays : ils représentaient, en 2022, 5 % du PIB pour le Mali, plus de 3 % pour le Burkina Faso et le Niger. Les migrants de pays de l’AES ont envoyé en 2021, 123 milliards de francs CFA depuis la Côte d’Ivoire, 36 depuis le Sénégal, 15 depuis le Bénin et 14,6 milliards depuis le Togo.
Ces transferts (189 milliards de francs CFA, contre 140 dans l’autre sens) seraient réduits dans des proportions difficiles à anticiper selon la réaction des États hôtes, surtout si ces derniers prenaient des mesures contraignantes pour les migrations ou les transferts.

Les potentielles pertes pour la CEDEAO version réduite
Dans un premier temps, notons que la signature du traité portant création de la Confédération Alliance des États du Sahel (6 juillet 2024) fragilise la CEDEAO. D’abord parce qu’elle perd un morceau de territoire couvrant 2 758 000 km2, soit presque la moitié de la superficie de la CEDEAO (6,1 millions km2), et comptant un peu plus de 70 millions d’habitants, soit seulement un tiers de la population de la communauté ouest-africaine (210 millions d’habitants). On enregistre donc une véritable amputation.
Dans un second temps, étant donné que la CEDEAO est une union politique et économique régionale regroupant 15 pays d'Afrique de l’Ouest, il va sans dire qu’elle sera fragilisée sur le plan diplomatique. En effet, plus les pays sont nombreux, plus ils peuvent peser sur le plan politique, au niveau international. Même au niveau même de la CEDEAO, c’est véritablement un grand un camouflet à l’encontre d’une institution qui, par le passé, était parvenue à régler bon nombre de conflits régionaux. À l’échelle continentale, la CEDEAO était probablement la seule organisation sous-régionale en mesure d’intervenir diplomatiquement, politiquement et même militairement avec une efficacité généralement reconnue par la communauté africaine et internationale. La défection des trois pays risque de lui faire perdre du poids et du crédit sur la scène internationale.
Dans un troisième temps, sur le plan économique, les conséquences sont difficiles à estimer par avance, mais on doit remarquer que les trois pays de la Confédération sont ceux dont le PIB par habitant est le plus bas : 882 USD pour le Burkina Faso, 877 USD pour le Mali et 629 USD pour le Niger. On estime parfois que ces chiffres n’ont pas beaucoup de sens, mais ils sont significatifs du déséquilibre régional quand on les compare à ceux de la Côte d’Ivoire (2 630 USD), du Ghana (2331 USD), du Nigeria (2316 USD) et du Sénégal (1695 USD). On peut donc penser que les économies fortes des États côtiers n’ont probablement pas grand-chose à perdre de la défection de leurs voisins du Sahel. Elles devront toutefois s’adapter au nouveau contexte. La Côte d’Ivoire serait modestement impactée, ses exportations vers les pays de l’AES représentant moins de 15 % du total de ses exportations en 2022. Le Sénégal serait plus affecté, le Mali étant son premier client avec près de 20 % du total de ses exportations.
Mais un pays comme la Côte d’Ivoire dont les ports sont de grandes sources de ressources financières, pour les caisses de l’Etat, peut souffrir d’un détournement de commerce. En effet, les pays de l’AES pourraient tenter de diversifier leurs voies d’approvisionnement. Le trafic passant par les ports à destination de l’AES représente 52 % du trafic pour Cotonou, 18 % pour Dakar, 13 % pour Lomé et 8 % pour Abidjan. Mais, l’activation de routes à travers l’Algérie, la Libye, la Mauritanie, le Maroc ou la Guinée n’est pas une alternative séduisante dans les conditions sécuritaires actuelles. Ce qui pourrait arranger les pays de la CEDEAO qui ont des ports.


Question 6 : Dans cette situation, quel sera l’avenir de la CEDEAO ?
Réponse : il est possible de penser à quatre hypothèses possibles
Hypothèse 1 : les pays de l’AES expriment une menace non crédible
Cette hypothèse stipule que les trois pays ont simplement poussé un coup de gueule et qu’ils reviendront tranquillement à de meilleurs sentiments après les négociations en cours. Cela voudrait dire qu’ils reviendront comme membre de la CEDEAO sans une reforme de cette institution. Dans ce cas, ces trois pays seront comme l’enfant prodigue qui revient à la maison après une fugue improductive. Ce cas de figure parait improbable au regard de la volonté des chefs militaires, à la tête de ces trois pays, d’aller à une rupture réelle au niveau de la philosophie de la CEDEAO. Du coup, une autre hypothèse peut être avancée.
Hypothèse 2 : les pays de l’AES reviennent dans une CEDEAO fortement reformée et libre
Cette hypothèse stipule que les trois pays reviendront dans la CEDEAO après un accord pour la reformer en profondeur. Cette réforme devra aller dans le sens d’une CEDEAO des peuples, une CEDEAO qui ne dépendra plus des intérêts des occidentaux mais ceux des pays membres. Cette nouvelle CEDEAO sera celle qui protègera les populations du terrorisme, de la faim et qui proposera aux africains des projets intégrateurs à même d’accroître les échanges entre les pays membres. C’est à cette condition, sans doute, que les trois pas sortants pourront revenir au sein de la CEDEAO. C’est donc au sein d’une CEDEAO reformée, digne, panafricaine, solidaire, décolonisée, que les pays de l’AES pourront revenir et reprendre avec les autres la marche vers le développement économique.
Hypothèse 3 : les pays de l’AES sortent de la CEDEAO malgré les négociations
Cette hypothèse est plausible car la déception des pays de l’AES est trop grande pour revenir dans une communauté qui n’existe que de nom. En réalité, la CEDEAO est semblable à un « lion édenté » qui malgré sa forme monstrueuse, ne fait plus peur. Elle est aussi une structure inféodée de l’extérieur dont les dirigeants reçoivent des dictées et des ordres depuis paris et Bruxelles. Or, dans une volonté de conquérir leur souveraineté et leur indépendance, les pays de l’AES, pourront sortir de la CEDEAO pour construire une forte confédération. Ces pays, regroupés sous l'Alliance des États du Sahel (AES), dénoncent une organisation jugée « instrumentalisée » et affirment leur décision « irrévocable ». Bien que l'AES ait appelé à une « application immédiate » de ce départ, l'article 91 de la CEDEAO impose un délai d'un an avant sa prise d'effet, prévue le 29 janvier 2025. Malgré de nombreuses tentatives de médiation, les juntes militaires n'ont pas fléchi, exacerbant les divisions internes à la CEDEAO sur la marche à suivre face à cette rupture historique. Ce départ remet en question l'avenir de l'intégration économique et politique dans une région où les interdépendances sont fortes, notamment sur la libre circulation des biens et des personnes.
Si cette sortie se concrétise alors la prochaine étape sera la création de leur monnaie. On se rappelle que ces trois pays, dans la charte de leur Alliance AES adoptée en septembre 2023, disaient leur volonté de promouvoir “l’indépendance, la dignité et l’émancipation économique”. Cette décision pourrait ne pas être sans conséquences pour la stabilité de la Zone Franc et, plus particulièrement, pour l’UEMOA dont on rappelle que le Mali, le Niger et le Burkina Faso représentent près de 30% du PIB. Mais le préalable juridique à la création d’une nouvelle monnaie en zone AES : la sortie de l’UEMOA. Ce n’est pas la première fois qu’un pays quitte la zone du franc CFA (Guinée en 1960, Mauritanie et Madagascar en 1973 ou encore le Mali entre 1962 et 1984). Toutefois, la spécificité de cette annonce réside dans la volonté de créer une monnaie commune à trois États, relativement homogènes en termes de PIB par habitant ou de structures économiques. Ils ont en commun une croissance démographique très rapide, un certain enclavement, l’importance de l’agriculture céréalière, et de l’élevage, mais aussi de la production minière, notamment aurifère. À celles-ci s’ajoutent pour le Burkina et le Mali le coton, et pour le Niger l’uranium et le pétrole. Notons que l’AES est donc plus proche de constituer une zone monétaire optimale que la CEDEAO, beaucoup plus hétérogène. Dans ce cas, pour réussir cette confédération, il y a des défis à relever par ces États. En effet, la création de l’AES répondait à des impératifs sécuritaires. Il s’agissait de mettre en commun les moyens militaires pour lutter contre les groupes terroristes armés, après avoir mis fin aux interventions internationale - Mission Multidimensionnelle Intégrée des Nations Unies pour la Stabilisation au Mali (MINUSMA) - et française (Barkhane dans les trois pays). On pouvait d’ailleurs noter que l’option militaire restait privilégiée plutôt que l’ouverture de négociations avec les djihadistes.
Le traité instituant la Confédération élargit le champ de la mutualisation à des secteurs considérés comme stratégiques : l’énergie, l’agriculture, l’eau et les transports. On pense immédiatement à la colonne vertébrale de cet ensemble géographique que constitue le fleuve Niger, facteur majeur de l’équation eau-agriculture, qui traverse le Mali et le Niger. Longtemps incantatoire, le concept de “Vision partagée” sur la maîtrise de ce cours d’eau pourrait trouver un nouveau terrain d’entente, avec toutefois le risque de se fâcher avec le Nigeria, qui accueille le cours aval du fleuve et demeure donc à la merci des éventuels barrages en amont.
Quant à la mutualisation en termes d’énergie, on peut imaginer que le Niger aurait une carte à jouer avec ses ressources en pétrole et surtout en uranium, mais on voit mal comment il pourrait en faire profiter ses nouveaux alliés à titre exclusif, et surtout dès les prochains mois.
Attachés au souverainisme, les trois États semblent avoir relancé une autre idée souvent invoquée par les nationalistes mais rarement mise en œuvre : l’utilisation plus large des langues locales, notamment dans les médias. Le défi sera de ne pas fragmenter davantage leurs communautés, déjà tiraillées par des conflits d’usage et promptes à des replis identitaires pouvant déboucher sur des milices d’auto-défense.
Hypothèse 4 : l’AES sera une organisation au sein de la CEDEAO avec des accords bilatéraux
Si le retrait des Etats de l’AES, le Burkina Faso, le Mali et le Niger, de l’espace CEDEAO est acté par l’organisation, alors il faudra des négociations pour aboutir à des accords bénéfiques pour toutes les parties. Dans ce cas, les pays de l’AES peuvent être une organisation au sein de l’espace communautaire à l’instar du Conseil de l’Entente qui regroupe le Bénin, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, le Niger et le Togo. Dans cette hypothèse, les pays de l’AES garderont le franc CFA comme leur monnaie. Une confrontation pourrait en effet nuire à tous les membres de la CEDEAO, particulièrement ceux qui partagent des frontières ou des liens économiques étroits avec les pays de l'AES.
L’AES est un bloc géographique qui présente une caractéristique quasiment rédhibitoire : il est totalement enclavé. Il n’a aucune ouverture sur la mer, et peut faire l’objet par les autres pays membres de la CEDEAO d’un blocus, auquel il ne pourrait échapper que par l’Algérie, la Mauritanie et le Tchad. La nouvelle Confédération va donc rencontrer des difficultés importantes pour ses exportations et pour ses importations.
L’autre problème qui risque de surgir rapidement est celui de la monnaie. Les pays confédérés utilisent toujours le franc CFA. Ils sont donc encore dépendants de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) et de la Banque centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest (BCEAO), et ne pourront s’en libérer qu’en créant leur propre monnaie. On sait à quel point cette démarche est difficile et longue à mettre en œuvre.
Il faudra régler la question de la circulation des ressortissants de l’AES et des autres pays. En effet, malgré les divergences, l'interdépendance économique entre les États de l'AES et ceux de la CEDEAO reste forte, rendant inenvisageable une rupture totale. Certains espèrent même un éventuel retour des pays de l'AES à l'organisation à terme, une fois les tensions apaisées. Des nations comme le Sénégal, touchées par les précédentes sanctions contre le Mali, perçoivent désormais les risques économiques et stratégiques d'une telle escalade, notamment face à des défis communs comme le terrorisme.
Aujourd'hui, les citoyens de l'espace CEDEAO peuvent voyager librement avec une simple carte d'identité, à l'instar des Européens dans l'espace Schengen. Toutefois, des obstacles subsistent, notamment aux frontières terrestres où des pratiques illégales, comme le racket par certains fonctionnaires, compliquent parfois la libre circulation. Les États devront d’ailleurs intensifier leurs efforts pour les éradiquer. Il en découle que les discussions sur le passeport commun de la CEDEAO, garant de cette mobilité, devront aboutir à une facilitation de la circulation des personnes et des biens. En effet, les diasporas, particulièrement la communauté malienne forte de près de 5 millions de membres en Côte d'Ivoire, exercent une pression sur les juntes pour maintenir ces facilités. Leur rôle économique est crucial : en 2022, les transferts de fonds des Maliens de l'étranger ont atteint 523 milliards de FCFA, équivalents à l'aide publique au développement reçue par le pays. Ces flux soutiennent des projets locaux, l'éducation et la santé, renforçant l'importance de préserver ces liens pour les populations et l'économie. La bonne nouvelle est que huit des quinze pays membres de la CEDEAO sont également membres de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA). Il s’agit des pays d’Afrique de l’Ouest partageant en commun l’usage du franc CFA: Burkina Faso, Mali, Niger, Sénégal, Côte d’Ivoire, Togo, Bénin et Guinée-Bissau. Or, l’UEMOA offre également à ses membres la libre circulation des biens et des personnes. Et les pays de l’AES comptent bien évidemment continuer à être membres de cette organisation. Au lendemain de la décision de retrait de la CEDEAO, le ministre malien des Affaires étrangères, Abdoulaye Diop, s’est empressé de déclarer que le Mali resterait membre de l’UEMOA. Le fait de rester dans cette autre organisation sous-régionale permet aux pays de l’AES de continuer à bénéficier de la liberté de circulation des biens et des marchandises et bien évidemment du franc CFA et des financements au niveau de la région. Partant, pour ces trois pays de l’alliance, l’impact d’une rupture totale avec la CEDEAO sera limité par l’UEMOA.
Une chose est sûre, avec les dernières sorties des dirigeants des pays de l’AES, ce retrait de la CEDEAO est considéré sans retour. Et pour combler rapidement les conséquences de cette sortie, outre l’intensification des relations entre les trois pays dans les domaines diplomatique et économique, les pays de l’AES, ayant des relations tendues avec les pays occidentaux, tablent aussi sur d’autres partenaires pour réduire leur isolement. L’accent est particulièrement mis sur les pays des BRICS, notamment la Russie et la Chine, qui ont promis leurs soutiens aux pays de la région. Il faut dire que les pays qui se sont retirés de la CEDEAO disposent d’importantes ressources naturelles (uranium, or, bauxite, lithium, pétrole…) dont une grande partie n’est pas encore exploitée. Il s’agit de ressources très demandées par les pays des BRICS.

Question 7 : Merci président, un mot de fin ?
Réponse : La CEDEAO devra se réinventer
Si ces pays sortent de la CEDEAO, alors les répercussions immédiates seront surtout administratives et institutionnelles. Par exemple, les fonctionnaires nigériens, maliens et burkinabés travaillant pour la CEDEAO devront quitter leur poste. De même, la gestion des biens de l'organisation présents dans ces pays sera à régler. Les projets communautaires financés par des bailleurs via la CEDEAO pourraient aussi être suspendus, mais des solutions devraient être trouvées pour minimiser l'impact, notamment sur les projets en cours. Cependant, l'absence du Mali, du Burkina Faso et du Niger, qui forment le cœur géographique de l'organisation, pose un défi majeur à sa continuité territoriale. La CEDEAO devra se réinventer, en repensant ses mécanismes de sanctions et en reconquérant la confiance des populations ouest-africaines. Un immense chantier l'attend pour retrouver son unité et sa légitimité.
Mais n’oublions pas comme le disait Aimé Césaire, « le plus court chemin vers le futur, passe par le passé ». Or, la Mauritanie, qui avait quitté la CEDEAO en 2000 pour se rapprocher de l'Union du Maghreb arabe (UMA), est progressivement revenue dans l'organisation. Bien qu'elle soit encore un État associé, la Mauritanie bénéficie déjà de certains avantages de la CEDEAO, comme la libre circulation des personnes. Son rapprochement avec les pays de la CEDEAO, notamment le Sénégal, et le faible fonctionnement de l'UMA, l'ont conduite à renforcer ses liens avec la CEDEAO. Elle pourrait même envisager une réintégration complète dans l'avenir.
De manière similaire, les pays de l'AES (Mali, Burkina Faso, Niger), après une période de tensions, pourraient réévaluer leur position. Une fois les conflits apaisés et les régimes changés, des opportunités pourraient surgir, permettant à des pays comme le Niger de redevenir membres ou associés de la CEDEAO.
Cependant, nous devons avoir en esprit que la principale faiblesse de la CEDEAO réside dans ses lacunes en matière de politique et de gouvernance. Souvent, les signes avant-coureurs des coups d'État, comme les tensions politiques ou des élections manipulées, sont ignorés malgré les alertes d'experts. Pour être crédible, la CEDEAO doit renforcer son mécanisme de réaction, notamment sur les questions électorales et institutionnelles. Elle doit aussi prendre des positions claires sur les questions de libertés fondamentales, comme le montre son silence face aux disparitions d'activistes en Guinée, tandis que des organisations comme l'Union européenne ont pris la parole. De plus, la CEDEAO devrait accélérer l'intégration économique et garantir une meilleure application des mesures, notamment pour la libre circulation des personnes et des biens, ce qui nécessite une volonté politique forte de chaque État membre.
Source : www.connectionivoirienne.net
NB/ Le titre est de la redaction

Interview//Professeur Ousmane Zina président comité scientifique ABF //Gestion des ressources partagées : « L’Etat doit prendre toute sa place aux frontières »

mardi, 19 novembre 2024 21:00 Written by

Le professeur Ousmane Zina est le chef du département des Sciences politiques de l’Université Alassane Ouattara de Bouaké. Très au fait de la problématique de la gouvernance des frontières, il est président du comité scientifique, d’Abidjan border forum,(Abf).Dans cette interview, il jette un regard critique sur la gouvernance des frontières en Afrique et revient sur des recommandations des travaux d’Abidjan.
« Frontières vertes : entre ressources naturelles partagées et défis de sécurité » Pourquoi avoir choisi ce thème principal pour Abidjan Border Forum 2024 ?
D’abord, la première chose, c’est la prise de conscience de tous les acteurs qu’il y a lieu de saisir avec sérieux, engagement et détermination, la problématique des frontières. Deuxièmement, l’on se rend compte que les frontières révèlent plusieurs situations qu’ils soient d’ordre politique, économique, géopolitique, structurelle et sociale qui permettent en réalité de lire l’Etat au quotidien. Troisièmement, on voit à travers cette question des frontières vertes, toute l’importance, de la question de la protection de l’environnement et des ressources partagées entre différents pays. Les réflexions par exemple sur l’eau sont très importantes. L’eau est une ressource vitale tant pour les populations que pour l’Etat. Parce que ces cours d’eaux sont des ressources en eau.
Des panelistes ont estimé qu’on ne devrait pas parler de frontières. On devrait les reconnaitre avec les lignes de démarcation et met ça de côté ?
C’est une vision panafricaine. Aucun Etat ne saurait exister sans les frontières, parce que l’Etat lui-même est né de frontière qui signifie ligne de front. L’Etat, ce sont trois éléments : le territoire, la population et le pouvoir central. Le territoire est délimité par les frontières et donc s’il n’y a pas de frontière, il n’y a pas d’Etat mais la logique la panafricaine voudrait que les frontières ne soient pas des murs, des barrières entre les peuples qui se connaissent par l’histoire et la géographie. La logique voudrait donc que les frontières soient des passerelles et des espaces d’intégration, de collaboration et de cohésion sociale. Donc la vision panafricaine est une vision d’ouverture des frontières.
C’est quoi « la zone des trois frontières » qui serait une zone de trafic en tout genre ?
Cette appellation est liée à un espace partagé entre le Mali, le Burkina Faso et le Niger, qui est un peu située dans la région du Liptako- Gourma. Effectivement dans cette région, l’on retrouve les trois frontières de ces trois pays qui partagent en même temps des points communs et l’on y retrouve aujourd’hui, la circulation des bandes armées. Malheureusement, lorsqu’on parle des « trois frontières », l’on fait allusion toute de suite de la circulation transfrontalière des bandes armées. Cet espace est en réalité une zone d’intégration parce qu’on y retrouve les mêmes peuples et une circulation en économie, vous retrouver une connexion historique entre les trois pays cités plus haut.
Il y a certainement des ressources naturelles qui aiguisent des appétits ?
L’Afrique n’est pas pauvre en ressources naturelles. Elles existent mais en même temps, il y a une rareté de d’autres ressources qui soient vitales pour les populations dont l’eau par exemple. Dans cette zone, il y a la sècheresse et la désertification est très poussée Sans oublier certains aliments de base que l’on ne trouve pas forcement du fait de la sècheresse. En en termes de minerais, le sous -sol est riche.
Une zone d’oubliés par les Etats centraux ?
Oui. Des zones comme celle des « trois frontières, sont très très éloignées du pouvoir central. Elles sont considérées comme oubliées. Pour tout dire, les zones transfrontalières pour la plupart sont oubliées. Ce qui crées dans ces lieux, des frustrations économiques, politiques et sociales. Lesquelles frustrations aiguisent des intentions séparatistes et in fine l’engagement terroriste des populations qui s’estiment abandonnées par l’Etat.
Que faut -il faire ?
Pour ma part, la réponse est toute simple : L’Etat doit prendre toute sa place aux frontières. L’Etat doit être présent à la fois au centre mais également dans les périphéries. On pense l’Etat par les capitales et les villes secondaires en développement, mais on oublie qu’il doit être présent également aux frontières qui constituent le début de l’Etat. L’Etat doit être présent à travers des actions fortes sur le développement humain, l’éducation et la santé.Sans oublier les infrastructures, la lutte contre le chômage des jeunes d’une part, et la cohésion sociale à travers le programme COSO.
Les travaux d’Abidjan Border forum2024 ont été sanctionnés par des recommandations fortes : pouvez-vous revenir sur certaines d’entre elles ?
Dans les recommandations, à l’endroit de l’Union africaine, les participants ont demandé d’inscrire le principe de la gestion partagée des ressources naturelles partagées aux frontières comme un des piliers essentiels de la coopération transfrontalière, de renforcer la coordination entre l’UA, les organisations sous-régionales et les États membres, notamment en matière de gestion des ressources partagées aux frontières. Également, ils ont exhorté tous les Etats membres qui ne l’ont pas encore fait à ratifier la Convention de l’Union africaine sur la coopération transfrontalière, dite Convention de Niamey d’une part, et l’encouragement des ambassadeurs des États membres accrédités auprès de l’UA à porter le plaidoyer pour la ratification de la Convention de Niamey d’autre part.
Le processus de démarcation et de réaffirmation des frontières n’a pas été oublié ?
Les participants encouragent les États membres à mobiliser les ressources propres pour accélérer les processus de démarcation et la réaffirmation de leurs frontières communes.Plus concrètement , ils ont proposé de prolonger la date butoir de 2027 relative à la délimitation et démarcation des frontières africaines. Ils ont demandé de doter le Programme frontière de l’Union Africaine des moyens nécessaires afin de lui permettre de contribuer pleinement à l’atteinte des objectifs de l’Agenda 2063.
Et les organisations sous-régionales dans tout ça ?
A l’endroit des organisations sous régionales qui ont affiché complet aux travaux d’Abidjan, Il a été demandé d’intensifier les soutiens aux activités de coopération transfrontalière entre Etats membres, afin d’en faire un véritable instrument de sécurité, de renforcement de la paix, de gestion des ressources naturelles partagées et d’intégration sous-régionale. En claire, apporter un soutien plus accru à la mise en œuvre des programmes de délimitation, démarcation et réaffirmation des frontières des Etats de l’Union Africaine. Également, ils estiment qu’il faut changer de paradigme dans le traitement des conflits en les abordant dans une approche systémique et positionner les structures en charge de la gestion des frontières au cœur de la mise en œuvre des projets frontaliers et de coopération transfrontalière.
Les Partenaires techniques et financiers, c’est-à-dire ceux qui tiennent le cordon de la bourse n’ont pas été oubliés ?
Les engagements des partenaires techniques financiers(Ptf), ont été salués par les différents intervenants. Non sans leur demander d’inscrire les projets concernant la gestion de ressources naturelles partagées aux frontières au nombre de leurs appuis prioritaires. Par ailleurs, pour plus d’efficacité, le forum préconise le respect du principe de la subsidiarité dans la mise en œuvre des projets aux frontières. Ils n’ont pas oublié le renforcement de la collaboration avec les structures en charge de la gestion des frontières, dans la mise en œuvre des projets frontaliers de la coopération transfrontalière, d’accroitre les ressources disponibles pour les projets frontaliers et transfrontaliers.
Bamba Mafoumgbé, Cette adresse courriel est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.
Légende photo : Professeur Ousmane Zina, (  au micro à gauche) président du Comité scientifique de l’ABF : « Les participants encouragent les États membres à mobiliser les ressources propres »

 

Finance//Après la notation de la Cote d’Ivoire par Standard and Poor//Le Professeur Prao Yao Séraphin, économiste éclaire la lanterne des journalistes

jeudi, 24 octobre 2024 17:53 Written by

Pour l’économiste, cette bonne note peut conduire le pays vers un recours dangereux aux financement étrangers massifs qui risque d’aggraver le risque de surendettement

Qu’est-ce qu’une agence de novation et leur rôle ?


Une agence de notation est une société dont le métier est d’évaluer le risque que représente une entreprise ou un pays qui veut emprunter sur les marchés financiers.
Pour prendre une comparaison, lorsqu’un particulier souhaite emprunter à une banque, son dossier est d’abord étudié par le banquier pour estimer s’il ne présente pas un risque excessif. Les conditions de ce prêt dépendront d’ailleurs du niveau de risque établi. Ainsi, plus l’emprunteur inspire confiance, plus le taux du prêt, sera bas, car le banquier ne prend alors pas un gros risque à lui prêter.
L’agence de notation joue donc le rôle de l’analyste crédit de la banque. Leur rôle est de mesurer le risque de non remboursement des dettes que présente l’emprunteur. Sur la base des multiples informations financières disponibles sur l’Etat, la collectivité ou l’entreprise qu’il doit évaluer, il donne son avis sur le risque qu’il y a à lui prêter. Il matérialise ce risque par une note qui conditionne notamment le taux du prêt, et permet aux prêteurs potentiels d’avoir instantanément une idée du risque qu’ils prennent.
Comment fabrique-t-on les notes des agences de notation ?

Les agences « fabriquent » les notes en fonction de certains ratios et indicateurs : le produit intérieur brut par habitants, le niveau des dettes publiques par rapport aux recettes fiscales, le niveau et la stabilité des recettes fiscales, la stabilité des prix, l’évolution du taux de change, la qualité des institutions étatiques, le niveau du libre-échange, le niveau de développement etc. On peut résumer ces indicateurs et ratios en quatre critères : la vigueur de l’économie, la stabilité institutionnelle, la solidité des finances publiques et la probabilité d’un risque.
Depuis quand la Côte d’Ivoire se fait noter ?

La première notation de la Côte d’Ivoire remonte à 2014, où le pays s’est noté par l’agence Moody’s. Il est important de signaler que la notation est une appréciation de Moody’s sur la volonté et la capacité d’un émetteur à assurer le paiement ponctuel des engagements d’un titre de créance, tel qu’une obligation tout au long de la durée de vie de celui-ci. L’échelle de notation qui va d’un maximum de Aaa à un minimum de C, se décompose de 21 crans. Cette agence de notation vient d’accorder à la Côte d’Ivoire la note de B1 avec une perspective positive. Selon Moody’s quatre éléments ont pesé en faveur de cette note : le potentiel de croissance élevé, une dette publique et un déficit public sous contrôle, mais également une précarité institutionnelle et une vulnérabilité politique réelle bien que modérée.
Ensuite, la Côte d’Ivoire a été notée le 19 juillet 2021, où Fitch ratings notait la Côte d’Ivoire BB- En dehors des performances économiques, les élections parlementaires de mars 2021 indiquaient une réduction du risque politique dans le pays. A cela, il fallait ajouter la prudence budgétaire et les réformes engagées par le gouvernement en matière de stabilité macroéconomique.
Par la suite, une notation du pays a été faite par Moody's qui lui a réattribué la notation de long terme Ba3, le 27 juin 2022, tout en rehaussant sa perspective de stable à positive. Selon l’agence internationale de notation financière, cette note de long terme était soutenue par la résilience de l'économie, la diversification croissante et les perspectives de croissance saine, qui sont étayées par des réformes structurelles et des investissements publics dans les infrastructures. Il faut aussi ajouter l’amélioration de la compétitivité.
En mai 2024, la Côte d’Ivoire a été encore notée par Standard and Poor’s qui attribuait au pays, la note BB- avec perspective stable à la Côte d’Ivoire. A cette date, Standard and Poor’s estimait que la Côte d’Ivoire est un pays qui rassure de plus en plus aux yeux des investisseurs et plus singulièrement auprès des agences de notation. En effet, les critères qui ont été mis en avant par l’agence Standard and Poor’s dans le relèvement de la note de la Côte d’Ivoire sont notamment :
- Les bonnes performances économiques soutenues
- La consolidation budgétaire à moyen terme
- Bonnes politiques publiques
- L’amélioration continue du climat des affaires
- Le rôle moteur de la Côte d’Ivoire au sein de l’UEMOA et la bonne gestion des arrangements monétaires.
Au total, notons que le pays se fait noter régulièrement depuis 2014, par les trois grandes agences de notation internationales.
Mais le 19 octobre 2024, Standard & Poor's a annoncé le rehaussement de la notation de crédit de la République de Côte d’Ivoire, passant de BB- (Perspective Positive) à BB (Perspective Stable). Pourquoi cette note encore ?

Selon l’agence internationale de notation, cette décision reflète l'appréciation de Standard & Poor's pour les progrès économiques et budgétaires réalisés par la Côte d'Ivoire ces dernières années. Plusieurs éléments clés ont été salués.

Au niveau de la résilience économique, la Côte d'Ivoire a maintenu une croissance moyenne de 5.6% entre 2019 et 2024, malgré des chocs externes. Les secteurs agroalimentaire et pétrolier montrent une diversification croissante. L'exploitation du gisement Baleine depuis août 2023 et la récente découverte du gisement Calao devraient continuer à soutenir la croissance.
Au niveau budgétaire, des progrès notables ont été réalisés pour atteindre un déficit fiscal de 3% du PIB d'ici 2025, avec un déficit extérieur en baisse, alimenté par une récolte de cacao plus importante en 2024-2025.
Au niveau de la politique monétaire, les mesures de la Banque Centrale des États de l'Afrique de l'Ouest (BCEAO) entre 2019 et 2024 ont soutenu les économies des États membres, assurant l'accès aux marchés de capitaux et maintenant la stabilité des prix.

Avec cette nouvelle notation, la Côte d’Ivoire se positionne comme le deuxième meilleur crédit d’Afrique subsaharienne, juste derrière le Botswana, noté BBB+ (perspective stable). Elle rejoint également des pays comme le Brésil dans la même catégorie de notation. Que gagne alors Côte d’Ivoire?

Le premier avantage reste le regain d’investissement étranger. En effet, le rehaussement de la notation de crédit par Standard & Poor's est un signal positif pour les investisseurs et témoigne de la solidité économique de la Côte d’Ivoire, renforçant sa position sur la scène internationale et sa capacité à attirer des investissements.
Le second est l’accès au financement à faible coût. En effet, pour les Etats comme pour les entreprises, une note dégradée se traduit par une hausse des taux d’intérêt, c’est-à-dire qu’il coûte plus cher d’emprunter. A contrario, dans les Etats bien notés, les épargnants peuvent en théorie confier leur épargne les yeux fermés aux banquiers. A leur tour, les intermédiaires financiers peuvent facilement faire du crédit à moindre coût.
Le troisième avantage est que le pays peut facilement mobiliser les capitaux étrangers à faible coût. D’ailleurs, début du mois d'octobre, le FMI a accordé nouveau prêt accordé d'un montant de 825 millions de dollars, à la Côte d'Ivoire.
Cette nouvelle notation devrait permettre au pays de bénéficier de conditions de financement plus avantageuses sur les marchés internationaux, avec des taux d’intérêt plus bas, tout en renforçant l’attrait du pays pour les investisseurs étrangers
Cette nouvelle bonne note n’a-t-elle pas d’effet pervers?

En premier lieu, les notes des agences sont constamment contestées. L’on se souvient que Vivendi Universal a fait faillite deux semaines après avoir été noté AAA. En 2008, Lehman Brothers est noté A la veille de son effondrement. Ces agences avaient attribué des triple-A à la pelle à des produits dérivés de créances hypothécaires subprimes aux États-Unis, qui se sont effondrés en 2007. Les agences de notation font parfois de la politique. Sur ce point, un européen affirmait qu’«Il est intéressant de constater que chaque fois que la situation budgétaire se dégrade aux Etats-Unis, certaines agences de notation braquent les projecteurs sur l’Europe».
En second lieu, les agences ont eu un rôle crucial dans la titrisation, une technique financière qui transforme les actifs peu liquides. Elles sont également accusées d’avoir précipité la Grèce dans la crise faillite, et plonger la zone Euro dans une crise.
En troisième lieu, cette bonne note peut conduire le pays vers un recours dangereux aux financement étrangers massifs qui risque d’aggraver le risque de surendettement.
Rappelons que la Côte d’Ivoire fait partie des pays d’Afrique subsaharienne ayant accès aux marchés internationaux. Elle a été le premier pays du sous-continent à revenir sur les marchés internationaux après le resserrement des conditions financière de 2022, avec l’émission d’un double eurobond en janvier 2024 pour un total de 2,6 Mds USD à des conditions financières relativement attractives (taux d’intérêt moyen de 6,61% au terme de l’opération de couverture de change dollar-euro). La Côte d’Ivoire a profité de cette levée sur le marché international pour procéder à un reprofilage de sa dette en particulier sur les maturités courtes. L'opération a généré une économie cumulée sur le service de la dette de 2,3 points de PIB entre 2024 et 2032, avec un pic de 0,9 points du PIB en 2025.
Et pourtant, la Côte d’Ivoire est vulnérable aux chocs externes, sur les exportations notamment, et dispose d’un espace budgétaire limité pour y faire face.
En Côte d’Ivoire, des défis demeurent, notamment la résilience face aux futurs chocs externes, la faiblesse des institutions et de la gouvernance, bien qu'en voie d'amélioration, restent également une contrainte sur la note de crédit à long terme. La lutte contre la pauvreté reste également une priorité pour consolider les acquis économiques et assurer le développement inclusif et durable. Par ailleurs, la Côte d'Ivoire est aussi sensible aux risques politiques, bien que la situation se soit nettement améliorée ces deux dernières années, note l'agence.
B. M et Sercom

Indemnisation //Maizan Koffi Noël, Directeur général FGA// : « Depuis 2013, nous avons pris en charge les frais médicaux de 729 victimes corporelles »

dimanche, 15 septembre 2024 16:30 Written by

Le Fonds de Garantie Automobile (FGA) a pour mission d’indemniser les victimes d’accidents corporels de la voie publique. Dans cet entretien, son Directeur Général, Maizan Koffi Noël, évoque la déconcentration des activités à l'intérieur du pays et revient sur les réalisations de la structure qu'il dirige.
Vous venez d’inaugurer un bureau du FGA à Bondoukou. Comment votre structure intervient-elle auprès des populations ?
Le FGA intervient auprès des accidentés de la voie publique hospitalisés au CHR de Bondoukou. Dans cette situation, l’agent se rapproche de la victime et invite ses parents à déclarer l’accident auprès du bureau de liaison du FGA. Par la suite, il leur remet une fiche de déclaration de sinistre à faire signer par la police ou la gendarmerie du lieu où l’accident est survenu. Lorsque la fiche revient et que nous constatons qu’il s’agit d’un cas de délit de fuite ou de défaut d’assurance, nous procédons à la remise de la lettre de garantie qui va servir à prendre en charge tous les frais de la victime, que ce soient les consultations, les examens biologiques et les produits pharmaceutiques aussi bien au sein de la pharmacie du CHU ou CHR que dans les pharmacies privées avec lesquelles nous avons signé des conventions.
Avec cette ouverture, vous inaugurez une dynamique de déconcentration de vos activités. Pourquoi ?
Les cas d’accidents interviennent non seulement à Abidjan où nous avons démarré l’ouverture de nos bureaux de liaison mais aussi sur l’ensemble du territoire national. Vu que les populations de l’intérieur du pays sont également victimes d’accidents, nous avons commencé depuis quelques années l’ouverture des bureaux à l’intérieur du pays. Le FGA compte six (6) bureaux ouverts à l’intérieur du pays et quatre (4) bureaux à Abidjan. Notre souci est de nous rapprocher des populations, surtout des victimes qui n’arrivent pas à rallier les CHU d’Abidjan pour se faire prendre en charge par manque de moyens financiers.
Il y a des assurés et des non-assurés. Quelle est votre cible ?
Le FGA est une société privée de type particulier créée par l’Etat et les assureurs. Le FGA ne vend aucun contrat d’assurance, bien que nous exercions certaines activités d’assurance à savoir la prise en charge des frais médicaux et l’indemnisation des victimes corporelles d’accidents de la voie publique. Ces victimes, avant la création du FGA, étaient laissées pour compte. Par conséquent, nos cibles sont les accidentés de la voie publique en cas de délit de fuite ou de défaut d’assurance.

Concrètement quel est le bilan des interventions à Abidjan et en Côte d’Ivoire ?
Depuis 2013, le FGA a pris en charge les frais médicaux de 729 victimes corporelles pour une dépense totale de 651 744 270 FCFA.
A quoi les populations doivent-elles s’attendre désormais ?

Cette question vise nos perspectives. En effet, depuis la création du FGA nous prenons en charge les victimes corporelles d’accidents seulement dans les cas de délit de fuite ou de défaut d’assurance. Dans le cadre de sa politique sociale, le gouvernement souhaite que tous les accidentés admis dans les établissements sanitaires bénéficient systématiquement de soins. Par ailleurs, la stratégie nationale de la sécurité routière menée par le ministère des Transports a prévu, dans son axe 7, la prise en charge post-accident de tous les accidentés de la voie publique. Cette mission a été confiée au FGA. Toute chose qui contribue à l’extension des missions du FGA. Cette prise en charge systématique des victimes corporelles d’accidents va désormais concerner les anciennes cibles du FGA, les victimes issues des accidents causés par les véhicules assurés, les véhicules administratifs et les véhicules en provenance des pays de la CEDEAO. Après les soins, chaque responsable devra rembourser les frais engagés pour son compte. Pour l’heure, les réformes institutionnelles sont en cours pour mener à bien cette prise en charge systématique d’ici 2025.

CICG

Interview //Mahaman Laouan Gaya (Expert en Energie & Pétrole et Conseiller du Président du CNSP - Niger// : «Le moment est venu pour nos Etats, de faire une relecture de la législation pétrolière»

lundi, 15 juillet 2024 16:17 Written by

De l’importance des Contrats de Partage de Production, en passant par la législation pétrolière en Afrique, aux grands chantiers du Conseil National pour Sauvegarde de la Patrie (CNSP), dans la gestion des ressources pétrolières au Niger, Mahaman Laouan Gaya, Conseiller en pétrole du Président du CNSP, Chef de l'Etat du Niger, explique…

Comment les Contrats de Partage et de Production (CPP), influencent-ils le développement économiques en particulier la diversification économique?
Cela fait plus de 60 ans que nous sommes indépendants, et à cette époque là seuls environ 5 pays étaient dans le phase d’exploitation pétrolière. Mais aujourd’hui, vous avez presque l’essentiel des pays qui sont dans la phase d’exploration et d’exploitation pétrolière. Sur le continent africain une cinquantaine de pays sont dans cette phase ; Il n’y a à peine que deux ou trois qui n’ont pas encore commencé les activités pétrolières.
Nous avons essayé toute sorte de contrats depuis l’indépendance jusqu’à ce jour, et si vous parcourez les Etats africains un à un, vous verrez bien que l’impact des activités pétrolières ne se fait pas ressentir sur le bien-être des populations.
Etant donné donc que cela ne va pas dans l’intérêt de nos pays, il y a une relecture de la législation pétrolière qu’il faut faire et c’est ce qui nous a amené à opter pour les Contrats de Partage de Production (CPP). Dans ce type de contrat, l’Etat ou les sociétés pétrolières nationales sont beaucoup plus présents dans les activités pétrolières.
Les Etats qui ont opté pour ce type de contrat arrivent à amasser beaucoup plus de rentes directes et indirectes, mais aussi toutes les opportunités possibles que peuvent garantir l’exploitation des ressources naturelles comme le pétrole dans un pays qui cherche sa souveraineté nationale et internationale.

En quoi la coopération régionale peut être bénéfique dans le renforcement de l’efficacité dans la gestion des CPP et favoriser une intégration économique des Etats africains ?
Tant qu’il n’ y a pas une intégration entre les pays africains, il serait difficile de mener à bon port nos politiques pétrolières et celles de nos ressources naturelles d’une manière générale.
Il se trouve que depuis des années, nos ressources extractives sont exportées pour l’essentiel à l’état brut vers les puissances étrangères et nous reviennent en produits finis qui nous reviennent 4, 5 voire 6 fois plus chers.
Il est grand temps que nous puissions ici en Afrique, transformer nos ressources naturelles, notamment notre pétrole brut. Est-ce que vous imaginez que l’Afrique qui peut peser pour 12 à 13% de réserves pétrolières mondiales, 10% en recettes d’exportation et à contrarion importer à peine 3 à 4% de toute la consommation en produits raffinés au monde.

Soyez plus précis monsieur le conseiller
C’est– à-dire que nous exportons 12% de pétrole brut mais nous consommons 3 à 4% de tout ce que le monde raffine.
Cela voudrait dire que le pétrole que nous exploitons, nous l’envoyons à l’état brute à l’extérieur et nos raffineries qui sont pour l’essentiel obsolètes, ne sont pas en mesures de raffiner notre production.
Nous sommes obligés de ramener ce pétrole transformé en produits pétroliers finis en Afrique, pour les consommer. C’est ce paradoxe qu’il faut arrêter.
Nous avons souvenance que l’Organisation des Producteurs de Pétrole Africains, (APPO), avait dans son agenda la création d’un marché physique africain de pétrole brut et des produits pétroliers.
Aussi, chaque Communauté Economique Régionale se doit de créer à son niveau régional, un marché pétrolier qui devraient contenir des infrastructures nécessaires pour exploiter, raffiner et nous permettre de consommer sur place les produits raffinés.
Cela devrait aussi permettre de jeter les bases d’une industrie pétrochimique en Afrique. Ce sont des choses dont nous avons besoin ici et au-delà des marchés que nous voulons créer au niveau des cinq Communautés Economiques Régionales ; pourquoi pas aller vers la financiarisation de ce marché.

Tout cela suppose que l’Afrique dispose d’un pétrole de très bonne qualité aussi ?
Tout à fait ! Nous avons en Afrique, un pétrole de très bonne qualité qui peut avoir une place de choix sur le marché international. Le Niger vient de commencer l’exportation de son pétrole. La première cargaison est partie le 19 Mai 2024 via le port de Cotonou, et je puis vous dire que notre pétrole est d’une très bonne qualité. Il a une décote qui est de moins de deux dollars par rapport au Brent, qui est le pétrole de référence sur le marché international ; alors que dans beaucoup d’autres pays, elle va de moins 10 à moins 20 dollars.
Le Bonny-light du Nigeria est un pétrole brut de très bonne qualité qui peut être référencé et concurrentiel sur le marché mondial.
L’Afrique en elle-même dispose d’abondantes reserves de pétrole et de très bonne qualité qui peuvent de défier les plus grandes puissances mondiales :l’Arabie Saoudite, les Etats-Unis, la Russie...
Quoi qu’on dise quoi qu’on fasse, nous avons un fort potentiel en Afrique qui peut défier les potentiels de ces puissances indiquées plus haut.
Avec le potentiel dont dispose l’Afrique, le continent peut s’il se considère comme un seul producteur avoir une place de choix dans le nouvel ordre économique, militaire, énergétique mondial.
Si la Russie peut se prévaloir d’être une puissance militaire, la Chine une puissance financière et économique, l’Afrique si elle considère comme un seul producteur, peut se prévaloir comme une puissance énergétique mondiale…..car, au-delà, du gaz, du pétrole, du charbon (autrement des hydrocarbures), du nucléaire (l’uranium), autres énergies renouvelables et métaux stratégiques propres à la fabrication d’équipements en énergies renouvelables.
En terme de potentiels en énergies renouvelables, l’Afrique est riche en soleil, éolien, biomasse et la géothermie. Rien que le soleil, nous avons un taux d’ensoleillement de l’ordre de 6 et 7 Kwh par mètre carré et une durée d’ensoleillement de 12 à 14 heures. Ce potentiel en énergie solaire peut nous permettre de couvrir largement nos besoins en électricité. Nous devons donc considérer le solaire comme une bénédiction et non une malédiction.

Quelle est la nouvelle orientation stratégique du Niger dans la gestion de ses ressources naturelles notamment les hydrocarbures ?
Le Conseil National pour Sauvegarde de la Patrie (CNSP) dès juillet 2023, a pris à bras le corps l’importance des ressources extractives d’une manière générale et les ressources pétrolières de façon particulière. Après12 ans d’exploitation pétrolière, le nigérien moyen n’a pas ressenti l’impact de ces ressources sur son quotidien.
C’est ce qui constitue une des préoccupations du CNSP. Aussi, le Niger qui est un pays géologiquement et géographiquement coincé entre des puissances pétrolières : vous avez au nord la Libye et l’Algérie qui ont des productions de l’ordre de 1,6 million à 1,7 million de barils par jour, au sud le Nigeria qui produit jusqu’à 2,3 millions de barils par jour, et par ailleurs le Niger dont le sous-sol est constitué à plus de 90% de bassin sédimentaire (réceptacles d’hydrocarbures : charbon, pétrole et gaz naturel). Un profane doit reconnaitre que le Niger est potentiellement un gros pays ‘’millionaire‘’ en terme de production et d’exportation de pétrole. Nous ne produisons pour l’instant que 90 mille barils par jour, mais c’est infime par rapporte au potentiel de notre pays.
Le CNSP veut utiliser les ressources pétrolières nationales, pour booster l’économie du pays. En un mot, il ne veut pas faire des recettes pétrolières les seules recettes budgétaires de l’Etat, mais aider les autres secteurs qui ont besoin d’être booster. C’est le cas du secteur agricole, (secteur rural de façon générale), les infrastructures et le renforcement des capacités (la promotion des ressources humaines). C’est tout cela qui tient à cœur lesnouvelles autorités du Niger.

Bamba Mafoumgbé, (avec sercom),

 

Interview//Professeur Aderehime HAIDARA, chef de service de neurochirurgie Chr de Bouaké, // «En Côte d’Ivoire, on fait la neurochirurgie pour la masse »

vendredi, 28 juin 2024 19:10 Written by

Considérée par le passé comme une spécialité coûteuse, la neurochirurgie est accessible à la grande masse en Côte d’Ivoire. Le Professeur Aderehime Haïdara, chef de service de neurochirurgie du Chr de Bouaké, lève un coin de voile sur cette spécialité… Interview
Professeur, c’est quoi la Neurochirurgie ?
La neurochirurgie est la spécialité chirurgicale dont le domaine d'expertise est le diagnostic et la prise en charge chirurgicale des troubles du système nerveux. Le système nerveux se divise en trois grands segments : le système nerveux central (cerveau, moëlle épinière, le cerveau c’est la boite crânienne et la moelle épinière c’est la colonne vertébrale. Notre spécialité, prend en charge toutes les pathologies qui vont survenir dans ces régions de l’être humain et qui vont nécessiter une prise en charge chirurgicale.
Elle devrait coûter cher ?
Avant, elle était considérée comme une spécialité n’était pas accessible. Mais en fait c’était des préjugés. Parce qu’on peut faire la neurochirurgie pour la masse. Nous avons parlé tout à l’heure des actions humanitaires qui nous faisons aux profits des enfants qui ont des malformations congénitales. Nous sommes près de 300 enfants que nous avons traités durant nos campagnes et ce sont des enfants qui proviennent de milieux défavorisés. Bref, c’est pour dire que c’est une chirurgie qui n’est pas réservée à une certaine catégorie de la population.
Qu'est-ce que l'arthrose lombaire ?
L'arthrose lombaire ou lombarthrose, est une maladie chronique liée à une usure du cartilage qui se localise au niveau des vertèbres lombaires, dans le bas du dos. Cette forme d'arthrose provoque des symptômes évoluant par poussées douloureuses et des phases d'accalmie sans douleur. A l’intérieur de la colonne vertébrale nous avons la moelle épinière et qui vont dans les pieds et les nerfs qui vous permettent de marcher, de faire des gestes. Souvent pendant la marche, il y a de ces douleurs qui font que votre périmètre de marche est réduit. Il est bon de préciser que la chirurgie ne règle pas toujours le problème de la douleur. Nous avons l’habitude de dire que le chirurgien n’est pas un magicien. Si vous venez trop tard, il va vous opérer mais il ne va pas régler votre problème. Nous prenons également en charge, les patients qui vont développer des tumeurs cérébrales et des tumeurs au niveau de la moelle. Sans oublier les problèmes de Avc.
Il ne faut pas oublier les pathologies chez l’enfant ?
Également, il ne faut pas oublier les pathologies de l’enfant. C’est la formation de véritables poches de pue au niveau de la boite crânienne qui est consécutive à une complication Orl d’une et les malformations au niveau du système nerveux. Ce sont des pathologies comme l’hydrocéphale qu’on voit chez des enfants avec des têtes monstrueuses
Ces pathologies sont telles fréquentes en Côte d’Ivoire ?
Elles sont fréquentes lorsqu’on se réfère au nombre de patients que nous recevons en consultation dans nos services et dans les urgences des différents Centres hospitaliers universitaires (Chu),de notre pays.Les pathologies neurochirurgicales sont méconnues. Le praticien n’a pas toujours le réflexe de prescrire un scanner ou un Irm a patient qui se plaint de fréquents maux de tête alors que ça peut être la manifestation d’un Avc d’une tumeur cérébrale ou à la présence d’un hématome dans la tête. Il faut penser à un système de prise en charge globale de sécurité sociale.
Revenons sur les cas des enfants qui ont des malformations ou hydrocéphales. On les trouve souvent à certains coins de rues de nos grandes agglomérations. Etes-vous à mesures de les traiter ?
Malheureusement c’est ce qu’on voit. C’est une malformation qui est fréquentes chez les enfants à bas âge. On n’est pas obligé d’attendre des complications pour nous solliciter. Il faut faire de la sensibilisation pour faire prendre conscience de l’existence de cette maladie. Nous avons dans ce sens mis en place une Ong qui s’appelle Aube Espérance qui a pour objectif à moyen terme d’amener à opérer gratuitement ces enfants.
Pour les travailleurs notamment au bureau.

Est-ce que certaines   chaises  utilisées  dans  des services   ne contribuent-elles  pas à causer certains maux ?

Certaines postures y contribuent et les positions assises également. Sans oublier les positions assises ou debout plongées aussi. C’est pour cela qu’il faut faire cette sensibilisation-là. Parce que le travailleur qui a mal au dos, c’est pour la vie. Il faut apprendre à vivre avec ça. Même si on vous opère, vous aurez souvent mal. C’est une question de suivi et d’hygiène de vie de la colonne vertébrale qui va vous permettre de gérer votre mal. En stabilisant la lésion et en ayant une bonne hygiène de vie, les gens arrivent à avoir une qualité de vie correcte.
Pendant combien de temps le travailleur doit rester assis ?
Certaines personnes s’asseyent depuis le matin et ne se lèvent que pour aller manger à midi. Non ce n’est pas bon. Toutes les deux heures, il faut se lever et marcher. C’est comme quand vous faites de longue distance en voiture. Quand vous parcourez une certaine distance, il faut marquer une pause. Dans les nouvelles voitures, il y a les fauteuils orthopédiques. Aussi, ces nouvelles voitures sont munies de systèmes de signalisation qui vous disent qu’à tous les cent Kilomètres, il y a un écran qui s’allume pour vous dire de faire une pause.
Votre commentaire sur cette collaboration avec vos collègues turques ?
C'est une très belle initiative, parce que nous avons commencé cette collaboration il y a environ deux ans J'ai eu l'occasion de me rendre dans les locaux de Liv Hospital pour me rendre compte des avancées technologiques qu'ils ont en matière de prise en charge médicale et dans certains domaines spécifiques, tels que la neurochirurgie et la neuro-oncologie. Nous avons également commencé à travailler sur certains de cas dont la tumeur cérébrale, la Scoliose. Aujourd’hui, la neurochirurgie est une nouvelle branche et Il y a des avancées dans notre spécialité. Nous avons établi avec eux ce partenariat pour accompagner la prise en charge de nos patients dans certains domaines spécifiques.
Présentez- nous la pratique de la neurochirurgie en Côte d’Ivoire ?
En Côte d'Ivoire, nous à ce jour, seulement 24 neurochirurgiens pour une population d'environ 28 millions d'habitants, ce qui donne un ratio d'un neurochirurgien pour 1,2 millions d'habitants et cette spécialité n'est pratiquée que dans trois villes du pays : Abidjan, Bouaké et Yamoussoukro. Sans nul doute que ce genre de partenariat viendra améliorer les choses, surtout qu'aujourd'hui nous constatons un léger engouement pour cette discipline où environ une vingtaine de jeunes neurochirurgiens ivoiriens sont en ce moment en formation, ce nombre viendra donc grandir celui de la Société ivoirienne de neurochirurgie dans les mois et années à venir.
Bamba mafoumgbé,Cette adresse courriel est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.
Légende photo: Prof Aderehime HAIDARA Vp de la Société africaine de neurochirurgie en Afrique de l’Ouest: « En Côte d’Ivoire, nous avons un ratio d'un neurochirurgien pour 1,2 millions d'habitants »

 

Interview//Professeur Aderehime HAIDARA, chef de service de neurochirurgie Chr de Bouaké, // «En Côte d’Ivoire, on fait la neurochirurgie pour la masse »

vendredi, 28 juin 2024 19:10 Written by

Considérée par le passé comme une spécialité coûteuse, la neurochirurgie est accessible à la grande masse en Côte d’Ivoire. Le Professeur Aderehime Haïdara, chef de service de neurochirurgie du Chr de Bouaké, lève un coin de voile sur cette spécialité… Interview
Professeur, c’est quoi la Neurochirurgie ?
La neurochirurgie est la spécialité chirurgicale dont le domaine d'expertise est le diagnostic et la prise en charge chirurgicale des troubles du système nerveux. Le système nerveux se divise en trois grands segments : le système nerveux central (cerveau, moëlle épinière, le cerveau c’est la boite crânienne et la moelle épinière c’est la colonne vertébrale. Notre spécialité, prend en charge toutes les pathologies qui vont survenir dans ces régions de l’être humain et qui vont nécessiter une prise en charge chirurgicale.
Elle devrait coûter cher ?
Avant, elle était considérée comme une spécialité n’était pas accessible. Mais en fait c’était des préjugés. Parce qu’on peut faire la neurochirurgie pour la masse. Nous avons parlé tout à l’heure des actions humanitaires qui nous faisons aux profits des enfants qui ont des malformations congénitales. Nous sommes près de 300 enfants que nous avons traités durant nos campagnes et ce sont des enfants qui proviennent de milieux défavorisés. Bref, c’est pour dire que c’est une chirurgie qui n’est pas réservée à une certaine catégorie de la population.
Qu'est-ce que l'arthrose lombaire ?
L'arthrose lombaire ou lombarthrose, est une maladie chronique liée à une usure du cartilage qui se localise au niveau des vertèbres lombaires, dans le bas du dos. Cette forme d'arthrose provoque des symptômes évoluant par poussées douloureuses et des phases d'accalmie sans douleur. A l’intérieur de la colonne vertébrale nous avons la moelle épinière et qui vont dans les pieds et les nerfs qui vous permettent de marcher, de faire des gestes. Souvent pendant la marche, il y a de ces douleurs qui font que votre périmètre de marche est réduit. Il est bon de préciser que la chirurgie ne règle pas toujours le problème de la douleur. Nous avons l’habitude de dire que le chirurgien n’est pas un magicien. Si vous venez trop tard, il va vous opérer mais il ne va pas régler votre problème. Nous prenons également en charge, les patients qui vont développer des tumeurs cérébrales et des tumeurs au niveau de la moelle. Sans oublier les problèmes de Avc.
Il ne faut pas oublier les pathologies chez l’enfant ?
Également, il ne faut pas oublier les pathologies de l’enfant. C’est la formation de véritables poches de pue au niveau de la boite crânienne qui est consécutive à une complication Orl d’une et les malformations au niveau du système nerveux. Ce sont des pathologies comme l’hydrocéphale qu’on voit chez des enfants avec des têtes monstrueuses
Ces pathologies sont telles fréquentes en Côte d’Ivoire ?
Elles sont fréquentes lorsqu’on se réfère au nombre de patients que nous recevons en consultation dans nos services et dans les urgences des différents Centres hospitaliers universitaires (Chu),de notre pays.Les pathologies neurochirurgicales sont méconnues. Le praticien n’a pas toujours le réflexe de prescrire un scanner ou un Irm a patient qui se plaint de fréquents maux de tête alors que ça peut être la manifestation d’un Avc d’une tumeur cérébrale ou à la présence d’un hématome dans la tête. Il faut penser à un système de prise en charge globale de sécurité sociale.
Revenons sur les cas des enfants qui ont des malformations ou hydrocéphales. On les trouve souvent à certains coins de rues de nos grandes agglomérations. Etes-vous à mesures de les traiter ?
Malheureusement c’est ce qu’on voit. C’est une malformation qui est fréquentes chez les enfants à bas âge. On n’est pas obligé d’attendre des complications pour nous solliciter. Il faut faire de la sensibilisation pour faire prendre conscience de l’existence de cette maladie. Nous avons dans ce sens mis en place une Ong qui s’appelle Aube Espérance qui a pour objectif à moyen terme d’amener à opérer gratuitement ces enfants.
Pour les travailleurs notamment au bureau.

Est-ce que certaines   chaises  utilisées  dans  des services   ne contribuent-elles  pas à causer certains maux ?

Certaines postures y contribuent et les positions assises également. Sans oublier les positions assises ou debout plongées aussi. C’est pour cela qu’il faut faire cette sensibilisation-là. Parce que le travailleur qui a mal au dos, c’est pour la vie. Il faut apprendre à vivre avec ça. Même si on vous opère, vous aurez souvent mal. C’est une question de suivi et d’hygiène de vie de la colonne vertébrale qui va vous permettre de gérer votre mal. En stabilisant la lésion et en ayant une bonne hygiène de vie, les gens arrivent à avoir une qualité de vie correcte.
Pendant combien de temps le travailleur doit rester assis ?
Certaines personnes s’asseyent depuis le matin et ne se lèvent que pour aller manger à midi. Non ce n’est pas bon. Toutes les deux heures, il faut se lever et marcher. C’est comme quand vous faites de longue distance en voiture. Quand vous parcourez une certaine distance, il faut marquer une pause. Dans les nouvelles voitures, il y a les fauteuils orthopédiques. Aussi, ces nouvelles voitures sont munies de systèmes de signalisation qui vous disent qu’à tous les cent Kilomètres, il y a un écran qui s’allume pour vous dire de faire une pause.
Votre commentaire sur cette collaboration avec vos collègues turques ?
C'est une très belle initiative, parce que nous avons commencé cette collaboration il y a environ deux ans J'ai eu l'occasion de me rendre dans les locaux de Liv Hospital pour me rendre compte des avancées technologiques qu'ils ont en matière de prise en charge médicale et dans certains domaines spécifiques, tels que la neurochirurgie et la neuro-oncologie. Nous avons également commencé à travailler sur certains de cas dont la tumeur cérébrale, la Scoliose. Aujourd’hui, la neurochirurgie est une nouvelle branche et Il y a des avancées dans notre spécialité. Nous avons établi avec eux ce partenariat pour accompagner la prise en charge de nos patients dans certains domaines spécifiques.
Présentez- nous la pratique de la neurochirurgie en Côte d’Ivoire ?
En Côte d'Ivoire, nous à ce jour, seulement 24 neurochirurgiens pour une population d'environ 28 millions d'habitants, ce qui donne un ratio d'un neurochirurgien pour 1,2 millions d'habitants et cette spécialité n'est pratiquée que dans trois villes du pays : Abidjan, Bouaké et Yamoussoukro. Sans nul doute que ce genre de partenariat viendra améliorer les choses, surtout qu'aujourd'hui nous constatons un léger engouement pour cette discipline où environ une vingtaine de jeunes neurochirurgiens ivoiriens sont en ce moment en formation, ce nombre viendra donc grandir celui de la Société ivoirienne de neurochirurgie dans les mois et années à venir.
Bamba mafoumgbé,Cette adresse courriel est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.
Légende photo: Prof Aderehime HAIDARA Vp de la Société africaine de neurochirurgie en Afrique de l’Ouest: « En Côte d’Ivoire, nous avons un ratio d'un neurochirurgien pour 1,2 millions d'habitants »

 

Célébration du 03 Mai //Journée Mondiale de la Liberté de Presse en Côte d’Ivoire // SEM JESSICA DEVIS BA( Usa) : « Les Etats-Unis sont déterminés à vous soutenir(…) »

samedi, 04 mai 2024 10:17 Written by

« Chers journalistes, L’Union Nationale des Journalistes de Côte d’Ivoire et professionnels des médias. En tant que champions de la liberté de la presse, vous avez de nombreuses raisons d’être fiers de la Côte d’Ivoire. Nous sommes là aujourd’hui pour commémorer la Journée Mondiale de la Liberté de la Presse. Je suis honorée de partager avec vous certaines de mes observations sur vos réalisations. Les Etats-Unis s’engagent à soutenir une presse libre, indépendante et professionnelle.
Une presse forte est l’un des fondements d’une démocratie saine. Vous êtes en première ligne de la transformation numérique de l’Afrique, tout en faisant face aux opportunités et aux défis.

 

Les Etats-Unis sont déterminés à vous soutenir en ce moment critique où la presse est attaquée dans le monde entier. Nous sommes reconnaissantes que vous contribuez à faire progresser nos valeurs communes, notamment les contributions que vous faites pour attirer l’attention sur notre environnement.

Un écosystème médiatique libre, indépendante et pluraliste est fondamental pour façonner la démocratie.Une presse libre promeut la responsabilité et la transparence, offrant une plate-forme permettant aux individus d'apprendre et d'enseigner - d'exprimer leurs pensées et leurs croyances.

 

Les médias libres nous aident à discerner les faits, sur lesquels nous prenons des décisions. Notre liberté dépend de la liberté de la presse Président Thomas Jefferson, 1786
La liberté de la presse n'est pas seulement un droit humain fondamental, c'est aussi la pierre angulaire de la bonne gouvernance. Cette semaine, les États-Unis ont signé avec le Ministère des Affaires Etrangères un Protocole d'Accord visant à lutter contre la manipulation de l'information par des États étrangers.
Ce protocole sera mis en œuvre par le Ministère des Communications. Cet accord historique, le premier en Afrique, souligne la nécessité d’un partenariat bilatéral pour lutter contre la menace mondiale croissante de la désinformation. Beaucoup d’entre vous ont déjà participé à certaines de nos formations en tant que vérificateurs de faits et fournisseurs d’informations justes et crédibles. Vous avez appris à utiliser des outils de pointe de vérification de contenu visuel pour protéger l'intégrité de l'information et plus particulièrement l'écosystème de l'information en Côte d'Ivoire. Nous célébrons notre partenariat avec vous pour développer de nouvelles stratégies visant à combler l’écart entre les outils de productions de l'information dans un monde de plus en plus numérique.

 

Nous travaillons avec la société civile, les médias indépendants, le monde universitaire et les organisations multilatérales - partenaires essentiels dans nos efforts visant à promouvoir la culture numérique et à maintenir l’intégrité des discours en ligne.

Vous êtes nos partenaires pour défendre la liberté de la presse pour assurer l’accès à tout le monde. À travers votre travail, vous avez montré la nécessité d’assurer un accès équitable à la technologie de l’intelligence artificielle et le rôle de la Côte d’Ivoire au sein du forum multilatéral.
On est ensemble pour relever les défis et saisir les opportunités. Vous avez commencé l’année 2024 à couvrir la Coupe d’Afrique des Nations Deux milliards de personnes dans le monde ont regardé la CAN.

Vous avez montré la Cote d’Ivoire au monde - un peuple chaleureux et hospitalier, et vous avez célébré une équipe championne!

C'est cela le pouvoir d'une presse libre.

Au niveau gouvernemental, nous devons continuer à améliorer les cadres institutionnels et juridiques pour promouvoir un environnement médiatique sain, diversifié et sûr.
Les gouvernements doivent également renforcer leurs capacités, informer les citoyens et dénoncer les manipulations de l’information.
C’est pourquoi les États-Unis félicitent le gouvernement de Côte d’Ivoire pour sa campagne de sensibilisation « En Ligne Tous Responsables » sur l’utilisation responsable des réseaux sociaux.

La menace pour l’intégrité de l’information est mondiale. En tant que journalistes, le défi qui vous attend est énorme.
Heureusement, votre pouvoir est énorme aussi. Ce moment nécessite des organisations comme vous, les journalistes représentés aujourd’hui, comme vous, les champions de la liberté.
Le peuple américain continuera à se tenir aux côtés de vous, nos partenaires, nos amis en Côte d’Ivoire au moment où, ensemble, nous défendons la liberté de la presse. On est ensemble ! Bonne Journée mondiale de la liberté de la presse.
Je vous remercie »
Discours de SE Mme Jessica Davis Ba, Ambassadeur des Etats-Unis, Abidjan le 03 Mai 2024

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